|Badar ! Avec le temps on a fini par y ajouter « l'auréole » de Cheikh. Lui, en parfait mélomane, sait mieux que quiconque que tous les titres ne peuvent valoir une berceuse au rythme de Salah Bey, fredonnée il y a longtemps par une mère éprise de musique. « Je suis né dans une famille de musiciens ; je garde encore le souvenir de mon grand-père, Ahcen Louali, un des maîtres du genre Aissaoua, de mes oncles, tous des mélomanes, de Cheikh Ténor, proche parent de ma mère, de Ben Chérif, Hamdane Boubayou, Mehiz Hamza et d'autres figures encore. » Badar n'est pas venu à la musique par effraction. Il l'a héritée comme une douce fatalité, et des années durant, il ne fera que perpétuer la mesure. « C'est à dix ans que j'ai enfin caressé un instrument de musique. C'était celui de mon frère Abdelkrim mort en 1959 dans un accident. Remarquant mon attachement passionnel et sentimental aux instruments de mon frère, ma mère ne tarda pas à m'encourager en m'achetant un accordéon. Je jouais instinctivement, juste à l'âge de 12 ans, avant que Benchérif remarqua mon doigté et m'enrôla dans son association El Moustakbil El Fenni. Il m'apprit le solfège et les rudiments du malouf . » C'est ainsi que Badar l'enfant reçut l'oligarchie chantante en offrande. Cette formation académique allait ainsi donner libre court à son imaginaire mélodieux et le libérer de son amateurisme et des ses réflexes chancelants. Maître des annotations lyriques, Badar s'investit de plus en plus et parvint à convaincre au début des années 1960 son parent, Ali Baâziz, alias Cheikh Ténor, maître légendaire et incontestablement l'une des plus mythiques icônes de la musique locale, d'aider sa jeune troupe. Badar rejoindra au début des années 1970 le lycée Tebessi et créera par la suite l'association El Itihad El Fenni, qui participera au premier festival national de la musiqué andalouse en 1972. En 1979, Skikda inaugure son conservatoire, et c'est à Badar que reviendra l'honneur de diriger cette institution. Une fois à la retraite, ce dernier continuera à faire bénéficier les jeunes de son savoir. Il crée des musiques originales pour des pièces de théâtre et s'attelle ces jours-ci à diriger l'orchestre pilote de la ville de Skikda. Arrivé au sommet de son art, et n'ayant plus rien à prouver, Badar reste l'un des rares mélomanes à avoir composé des noubas. Il en est déjà à sa cinquième création, chose lui ayant valu de se positionner en véritable maître du malouf et de l'andalou au niveau national.|