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A la recherche de la mythique «Truite de Oued Zhor»
Publié dans El Watan le 21 - 04 - 2016

Pour faire la part des choses, voici, ici, une partie de la fabuleuse histoire d'un poisson devenu mythe. «A ce jour, nous avons comptabilisé sept truites dans les eaux de Oued Zhor. On a entrepris des opérations de sensibilisation auprès des jeunes pêcheurs de la région leur recommandant de ne pas toucher à cette espèce qui fait la fierté de notre région», témoigne Ahmed Bourbouna, maire de Oued Zhor. Le même son de cloche est relevé auprès des plusieurs habitants de cette région et chacun y va de sa petite anecdote. Certains disent l'avoir vue, pêchée et en donnent même des descriptions standards. D'autres ne feront que rapporter ce qu'on a bien voulu leur raconter.
Rafik Baba Ahmed, enseignant, chercheur en environnement et qui a eu à sillonner durant plusieurs mois cette région dans le cadre d'une mission scientifique, estime, lui, que les ardeurs devraient plutôt être tempérées. Il témoigne : «Il existe dans niveau de l'Oued Zhor une truite , la‘‘Trutta Macrostigma'' (truite à grosses taches, ndlr), de souche algérienne, unique représentant de cette espèce de poisson pour l'Afrique du Nord. Une chose est certaine, elle a existé dans la partie ‘‘torrent'' de l'oued qu'elle affectionne jusque vers la fin des années 70'.
Ensuite, elle avait subitement disparu. Pendant notre étude sur le massif du Bougaroune, on l'a cherchée bien entendu, mais on n'a pas pu remonter l'oued Zhor pour des considérations sécuritaires. Par contre, on a des informations très sérieuses sur sa présence dans un autre cours d'eau de la région dont je tairai le nom pour ne pas compromettre la pérennité de cette souche.» Cette passion démesurée pour cette truite trouve son essence dans sa singularité. Normal, elle est unique en son genre, non seulement en Algérie mais dans tout le continent africain.
Son histoire remonte à l'année 1857 quand elle fut découverte par un militaire français nommé Lapasset, et à l'époque déjà on reconnaissait ses particularités. Le professeur Auguste Duméril, zoologiste français et dans le Bulletin de la société zoologique paru en en 1857, note à propos de ce cette truite qu'il était aisé «de la distinguer de toutes les truites. Il n'en est aucune qui soit aussi trapue.» Duméril, qui gérait à l'époque le Muséum d'histoire naturelle de Paris, jugeait qu'elle était «rare, belle et rebelle à forte valeur patrimoniale.»
Le poisson du bureau arabe ?
La souche de la truite de Oued Zhour, appelée ‘‘Trutta Macrostigma'', ressemble beaucoup à la truite corse, qui porte d'ailleurs la même dénomination latine. A. Berthoule, secrétaire général de la Société nationale de protection de la nature, établit à l'époque l'une des descriptions les plus complètes de ce poisson en notant : «A côté des caractères généraux de l'espèce, elle est remarquable par certaines particularités morphologiques ; la taille est courte, ramassée, comme trapue, la tête petite, le nez obtus ; le dos accuse une forte incurvation ; la queue, large et épaisse, alourdit encore l'apparence du corps ; le dos est de teinte sombre, presque noir, avec de vagues reflets bleus, (…) La chair blanche de ce poisson est fine et savoureuse.» L'attrait suscité par cette truite amena vers 1869 un certain Vivensang, chef du bureau arabe du massif de Collo, à capturer plusieurs individus adultes qu'il transporta dans des jarres, avant de les répandre dans l'Oued Zadra, non loin de Collo.
Cet acte avait alors permis d'emplir de truites plusieurs affluents des cours d'eau de la région. L'acclimatation facile de ce poisson dans son milieu naturel poussera plus tard les Français à choisir les oueds en aval du Col de Tarras, surtout Oued Abayech, Oued Di Dardar, Oued Di Aissa,… pour tenter des expérimentations en pisciculture. C'est ainsi qu'en 1930 une autre truite dite ‘‘truite arc-en-ciel'' (Salmogairdneri) fut importée de France et ensemencée aux barrages de Médéa et de Chlef, ainsi que dans les eaux de Oued Zhor et ses affluents. Cette opération engendrera cependant un malentendu dans la mémoire collective de la région.
En effet, les habitants du massif de Collo, les vieux surtout, pensent, à ce jour, que la truite de Oued Zhor a été plutôt introduite par les colonisateurs et leur bureau arabe. Certains vous jureront même qu'ils se souviennent encore des lâchers de cette espèce de truite dans les oueds, ignorant certainement que ce poisson a été là, dans ces eaux, bien avant la colonisation. D'ailleurs, l'opération d'ensemencement de la truite européenne «arc-en-ciel» ne donnera pas les résultats escomptés et seule la truite originelle, celle de Oued Zhor parviendra à survivre dans ces eaux connues pour être limpides et surtout les plus fraîches du pays.
Mais l'histoire n'a pas été tendre avec cette truite. Celle-ci vivra deux grandes hécatombes qui avaient failli l'anéantir à jamais. En 1881 déjà, un gigantesque incendie avait emporté une grande partie du massif de Collo, occasionnant de graves pertes de poissons et de larves. Un siècle après, en 1983, cette région connut un deuxième incendie, le plus grand jamais enregistré dans la région. «L'eau des cours d'eau bouillonnait devant nos yeux», se rappellent encore les habitants de Oued Zhor, Siouane et de Khnak Mayoune. C'est apparemment ce sinistre qui porta un grand coup à ce poisson et qui sera suivi, quelques mois seulement après, d'immenses inondations qui se chargeront de lessiver ce qui restait de larves et d'œufs.
Mais les jeunes de Oued Zhor ne l'entendent pas de cette oreille : «Non, ce poisson existe toujours», répliquent quelques représentants du mouvement associatif de Oued Zhor. Pour convaincre et appuyer leur thèse, ils vont jusqu'à nommer certains cours d'eau, comme celui de Oued Boukarrat, Izguer et Azzakor où ce poisson vivrait encore. «Malheureusement, les conditions sécuritaires ne permettent pas d'aller faire un tour le long de ces cours d'eau», expliquent-ils. Ainsi, la truite de Oued Zhor gardera donc son secret comme pour mieux se faire désirer et couver encore cette passion qu'elle continue de susciter.


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