Cent éléments, issus des détachements de renfort et de première intervention (DRPI) de la protection civile des wilayas de Médéa et Djelfa, ont été dépêchés, mercredi soir, à Mihoub, nord-est de Médéa, dans le cadre du renforcement du dispositif opérationnel déployé sur place, depuis le 29 mai dernier, a-t-on appris auprès de la protection civile. Il semblerait que la série de sésime se poursuit. Mercredi, un séisme d'une de magnitude 3,2 degrés sur l'échelle ouverte de Richter a été enregistrée à 12h03 dans la localité de Mihoub, wilaya de Médéa. Une autre réplique de 4,5 degrés a été enregistrée mardi à 18h35 dans la même localité. Une autre réplique de magnitude 3,3 degrés a été enregistrée dans la même journée à 20h03, toujours dans la même localité. Dans la même semaine, c'est surtout dans la nuit de samedi à dimanche que le séisme le plus ressenti a frappé dans la même région. Il était de magnitude de 5,3 sur l'échelle de Richter. Puis les répliques se sont poursuivies : 3,4 puis 3,9 et 4,4 sur l'échelle de Richter ont été enregistrées. Pas de dégâts considérables. Cependant, une trentaine de blessés ont été enregistrés. Puis de nombreuses secousses ont ébranlé le pays. De différentes intensités, elles n'ont causé aucun dégât mais laissent craindre le pire. Depuis hier, la Protection civile organise de multiples exercices portant sur le sauvetage et l'intervention en cas de séisme. A Souk Ahras, Mila, Saïda, Relizane, Mascara, Tiaret et Constantine, les équipes sont sur place pour ce genre d'exercices entamés depuis le 11 mai dernier dans tout le pays, a-t-on appris de la direction générale de la Protection civile. Des exercices ordinaires et habituels, affirme la Protection civile. A l'ordre du jour : dix simulations de sauvetage, de secours, d'installation des camps et méthodes de refuge et d'évacuation. Les équipes de la Protection civile y étaient dans plusieurs villes, selon un responsable à la direction. Mais pour lui «il s'agit d'une formation habituelle». Même si l'Algérie est située sur la rive sud de la Méditerranée qui est une zone à sismicité moyenne, l'heure n'est pas à la panique, selon Noureddine Beghoul, géophysicien, enseignant chercheur à l'Institut des sciences de la Terre, à l'université de Bab Ezzouar : «Contrairement au Japon où la fréquentation et l'intensité des séismes sont plus importantes, la Méditerranée ne vit pas le phénomène de la même façon. L'Algérie a connu un séisme de 6,8 en 1954 puis un autre de 7,3 dont l'épicentre était Boumerdès. Hormis cela, on n'a pas eu de séisme à très forte intensité. Ce phénomène n'est pas vécu chez nous comme il l'est chez les Japonais.» Urgence Mais concrètement, en cas d'un séisme de forte intensité, sommes-nous prêts à y faire face ? «Oui», affirme le lieutenant colonel Farouk Achour, chargé de communication à la direction générale de la Protection civile. Ce dernier parle même de «révolution». Il explique : «Depuis le séisme de 2003, nous avons renforcé nos capacités humaines et matérielles. A cet effet, des équipes de détachements de renfort et de première intervention (DRPI) ont vu le jour. Chaque wilaya compte une équipe. Nous avons pas mal avancé dans ce domaine et c'est pour ces raisons que nous affirmons que nous pouvons faire face à toute menace.» Mais qu'en est-il d'un plan d'évacuation de la ville en cas de séisme de grande intensité ? «Ce plan est une urgence», soutient Jamel Chorfi. L'architecte qui est intervenu lors du tremblement de terre de 2003 s'inquiète : «Bien que l'Algérie soit classée en seconde position après le Japon en terme de vérification des règles parasismiques, la plupart des constructions ne respectent pas ces règles. Dans la majorité des cas, on a constaté que les dégâts surviennent de l'effondrement des bâtisses issues de l'autoconstruction ou vétustes.» Ce dernier estime que cela est dû au fait que l'Etat n'a pas le contrôle sur le bâti. Et de poursuivre : «On ne construit pas à Alger comme on construit dans le Sud ou dans les Hauts- Plateaux. Les règles de construction ne sont pas les mêmes. Cela doit être géré par une Agence de contrôle technique des constructions (CTC). Malheureusement, cela ne se fait pas. En fait, théoriquement, nous avons des textes mais concrètement, ils ne sont pas appliqués. Le plus bel exemple est la loi 08-15 qui ne fait que régler l'irrégularité.» Assurance Mais ce plan d'évacuation est-il véritablement nécessaire ? Assurance faite de la part de la Protection civile : «Un plan d'évacuation n'est pas nécessaire en cas de séisme. Un tremblement de terre ne peut nécessiter le même plan d'évacuation comme une explosion nucléaire ou un autre risque chimique. Les dégâts sont déjà là et nous, nous intervenons pour la prise en charge. Nous pouvons par contre évacuer une population concentrée dans les environs des barrages d'eau où il y à risque suite au séisme», rassure un responsable à la Protection civile. Des plans particuliers sont tout de suite engagés pour le recasement de la population. Plus de 6000 agents peuvent être mobilisés en moins de six heures et d'autres peuvent êtres mobilisés et être autonomes sans aucune assistance pendant 12 jours. De son côté, le lieutenant-colonel Achour soutient : «Depuis 2010, nous avons lancé l'opération un secouriste pour chaque famille. Dans une chaîne d'intervention, on s'est rendu compte qu'il manquait un maillon. Ce maillon est le citoyen. C'est pour cela que nous avons initié un programme de plusieurs volets grâce auquel nous formons le citoyen. Nous en avons déjà formé 75 000.» Par contre, Abdelkrim Chelghoum reste sceptique. Il explique : «L'Algérie a déjà été frappée par des séismes majeurs à forte intensité qui ont atteint 7,5 sur l'échelle de Richter. Etant donné que les séismes sont dus à des failles dans les plaques tectoniques, donc il ne fait aucun doute qu'ils peuvent se reproduire. Etant imprévisible, on ne peut pas prédire quand ils auront lieu. Et la seule solution pour minimiser les dégâts est la prévention par une construction robuste.» Ce dernier se désole : «Malheureusement, l'Algérie est le pays le plus vulnérable du bassin méditerranéen. Les constructions ne sont pas aux normes. On privilégie la quantité sur la qualité des constructions. On ne fait que construire des tombeaux. A titre d'exemple, toutes les constructions bâties sur des oueds ne sont que des caveaux. Il serait naïf de croire qu'ils peuvent résister à des séismes de degré 7.» Ce dernier soutient : «Contrairement aux affirmations des autorités, aucun plan d'évacuation n'a été fait. Pour pouvoir l'établir, il faut mettre au point un scénario catastrophe pour la ville en question comme cela a été fait pour Mexico, par exemple. Pour cela, il faut étudier la typologie des constructions, faire la cartographie des quartiers et programmer des simulations grandeur nature pour détecter les défaillances. Si tout cela ne se fait pas, on ne peut pas parler de plan d'évacuation.»