Faute de conditions de conservation adéquates, les pellicules sont altérées et les dégâts sont visibles à l'occasion des diffusions des films en salle ou à la télévision. Une solution existe pourtant, si ce n'est pour corriger les dégâts, du moins pour conserver le film avant que la dégradation ne devienne irréversible : c'est l'opération de numérisation. Celle engagée par le Centre national du cinéma algérien (CNCA) commence à donner ses fruits. Un long travail effectué pour le compte du ministère de la Culture et entamé en 2012 pour dévoiler récemment 15 films totalement numérisés sur un objectif fixé à 120 films. Un aperçu de ce travail a pu être donné avec la projection récente de Omar Gatlato à la salle El Mougar d'Alger. Ce film culte, réalisé par Merzak Allouache en 1977, a pris un coup de jeune avec une projection en qualité DCP (Digital Cinema Package). A côté de Omar Gatlato, une liste de films numérisés a été publiée, en attendant de pouvoir les voir sur écran. La plupart sont sortis dans les années 1960 et 1970 du siècle dernier, soit la première fournée de longs métrages de l'Algérie indépendante. On y trouve les inoubliables Hassen Terro (1967), de Mohamed Lakhdar Hamina et L'Evasion de Hassen Terro (1974), de Mustapha Badie avec le truculent Rouiched dans le rôle-titre. Toujours dans le registre comique, l'inénarrable Les vacances de l'inspecteur Tahar (1973), de Moussa Haddad, est également passé de la bobine 35mm au format numérique. Il en va de même pour Zone interdite (1974), d'Ahmed Lallem, Patrouille à l'Est (1971), de Amar Laskri, Les hors-la-loi (1969), de Tewfik Farès, Beni Hendel, de Lamine Merbah, Les aventures d'un héros, de Merzak Allouache, Leila et les autres, de Sid Ali Mazif, Le Vent du Sud, de Mohamed Slim Riad, La Citadelle, de Mohamed Chouikh ainsi que L'Opium et le bâton et L'Aube des damnés, d'Ahmed Rachedi. Tous ces grands classiques du cinéma algérien seront désormais visibles en qualité numérique. Soit la possibilité de les visionner et de les dupliquer à volonté sans rien perdre de la qualité visuelle. De plus, ces films ont profité d'un sous-titrage en français, en anglais et en espagnol afin d'optimiser leur diffusion à l'étranger. D'ailleurs, si la numérisation optimise les conditions de visionnage en salle, elle facilite également la diffusion à la télévision, en dvd ou sur internet. Cette sélection de quinze films devrait être diffusée durant le mois de Ramadhan, selon les déclarations du directeur du CNCA, Mourad Chouihi. Il faut souligner que peu de salles, parmi le nombre déjà modeste de cinémas en activité, disposent actuellement du matériel nécessaire pour la projection en DCP. La migration vers le numérique est pourtant une nécessité. La volonté politique semble en tout cas se concrétiser et le ministre de la Culture, Azeddine Mihoubi, présent lors de la projection à la salle El Mougar, a également parlé de récupérer les copies des films algériens détenus par des laboratoires européens. Vastes chantiers…