En visite d'inspection des projets liés à la tenue du GNL 16 à Oran (18-21 avril 2010), Chakib Khelil a opposé un refus catégorique de se prononcer sur l'affaire qui secoue Sonatrach. Il a juste déclaré, lors de la conférence de presse tenue à l'intérieur du siège de l'activité Aval, que tout fonctionne de manière ordinaire et que l'entreprise est suffisamment dotée en ressources humaines pour répondre à tous les besoins, même si d'autres cadres partent. Dans un premier temps, il a délégué Abdelhafid Feghouli, PDG intérimaire, pour dire qu'aucune inquiétude sur la situation n'a été exprimée par les partenaires de la société ou par ses filiales internationales et qu'aucune perturbation dans le fonctionnement n'a été enregistrée ni dans le domaine de l'exploitation ni dans celui de la commercialisation. Selon l'ancien vice-président de l'activité Aval, contrairement à ce qui a été avancé, aucun contrat n'a été rompu. En résumé, « Sonatrach fonctionne le plus normalement du monde ». A ce sujet, le ministre de l'Energie a considéré que la presse internationale se nourrit des écrits des journaux locaux et que ce sont ces derniers qui, selon lui, ont induit en erreur les médias étrangers qui sollicitent son département pour vérifier des informations. Il est apparemment lecteur des journaux américains. « Au Washington Post, on ne travaille pas comme chez nous et une information n'est publiée que lorsqu'elle est vérifiée », a-t-il insinué, omettant de signaler, tel que relevé par une participante à la conférence, que nous n'avons pas non plus le même mode de gouvernance que les Etats-Unis. Chakib Khelil n'est pas à un paradoxe près lorsqu'il impute aux conditions météorologiques et même à une légère secousse tellurique le retard pris par les projets, objet de sa visite. Aucune date n'a été avancée pour la livraison du Centre des conventions d'Oran (CCO) dont les travaux sont en cours, comme si, pour les délais de réalisation, les concepteurs avaient imaginé deux années sans pluie. Conséquence : la réunion de l'Association internationale du gaz (AIG), programmée initialement début mars, a été reportée à une date ultérieure. « De toutes les façons, l'organisation de la réunion de l'AIG devait juste nous servir de test avant le grand rendez-vous du GNL 16 et c'est par mesure de précaution – et les organisateurs ont été tout à fait d'accord – que nous avons décidé de reporter cette réunion. Nous nous sommes dit que nous n'aurons pas suffisamment de temps », tempère le ministre, qui avance par contre des dates pour l'hôtel Méridien (fin février, même si les travaux sur place ne semblent pas plaider pour l'optimisme) et les deux trémies, des projets annexes sur l'axe menant vers le CCO, pour le mois de mars. Prévue pour le 26 avril, une réunion dite des 5+5 est par contre maintenue à cette date au CCO. « Cette réunion a été programmée à la demande du ministre espagnol de l'Industrie, dont le pays préside en ce moment l'Union européenne, et devra traiter des énergies renouvelables et de l'environnement », explique-t-il. S'exprimant à nouveau sur la question de la rentabilisation du CCO, un investissement important, il dira cette fois que « chacun des ministères a la responsabilité d'attirer les grandes manifestations d'envergure internationale ». Pour lui, « cette réalisation en 24 mois a été un défi relevé malgré les problèmes rencontrés en cours de route, habituels pour Sonatrach et Sonelgaz, mais qui ont été résolus avec les autorités locales et la population ». Parmi les problèmes rencontrés figure sans doute l'alimentation en électricité du CCO. Le centre sera alimenté provisoirement par deux cabines mobiles et la mise à la disposition de Sonatrach pendant 2 ans de l'équipement est prévue pour un coût de 128,5 millions de dinars. L'équipement est installé dans les sous-sols de la structure et a fait l'objet d'une visite spéciale. « Le résultat est quand même positif. » Avec cette déclaration, le ministre sous-entend le bilan (ou plus précisément l'état) de son secteur et pour toute la décennie : la production de Sonatrach est de 1,4 million de barils par jour alors qu'elle n'était que de 900 000 b/j en 1999. La société satisfait aussi les besoins des citoyens en gaz. « Nous avons la plus grande pénétration en gaz naturel au monde, dans les villages isolés et à Tamanrasset, chose que vous ne trouverez ni aux Etats-Unis ni en France », nous apprend-il en enchaînant sur l'électrification qui a atteint un taux de 98%, le dessalement de l'eau de mer notamment pour Oran et le rôle des carrières pour mener à bien les projets de logements, de routes et de l'autoroute. Les carrières, ajoute-t-il, rapportent pour la première fois des revenus à l'Etat sous forme de redevances et d'impôts. Au milieu de ce satisfecit, le scandale qui secoue Sonatrach apparaît comme un cheveu sur la soupe.