Des monuments pour immortaliser des personnalités historiques, des victimes du terrorisme et des martyrs de la Révolution, entre autres, ont été érigés dans plusieurs localités de la wilaya de Tizi Ouzou. Il s'agit des espaces de recueillement pour revisiter des moments d'histoire. D'ailleurs, dans chaque commune, voire chaque village de la wilaya, on trouve des stèles érigées pour «ressusciter», notamment des combattants de la guerre de Libération nationale, tombés au champ d'honneur. Parfois, ces monuments sont construits juste dans les endroits qui rappellent des dates mémorables de la glorieuse Révolution contre le colonialisme français. Le 21 février, à l'occasion de la Journée nationale du chahid, plusieurs stèles érigées à l'effigie des martyrs, ont été inaugurées à travers les quatre coins de la région. Dans la commune d'Illoula Oumalou, à 55 kilomètres au sud-est de Tizi Ouzou, six monuments de chouhada ont été «dévoilés». Il s'agit de celles de Tabouda, d'Aït Ali Oumhand, d'Ihemziène, de Lemssela, de Maraghna et d'Agoussim, où sont gravés les noms des 274 martyrs de la commune. Ce sont des initiatives de villageois, qui aboutissent à la réalisation de ces espaces commémoratifs. Slimane Habchi, président du comité de village El Kalaâ, dans la commune de Tigzirt, nous a précisé que les citoyens de sa bourgade ont également eu l'idée de construire un monument à la mémoire des martyrs de la Révolution. «Nous avons réalisé une stèle avec les moyens des villageois et l'aide de la famille révolutionnaire. L'APW nous a octroyé une subvention de 80 millions de centimes», nous a-t-il dit. L'Assemblée de wilaya a souvent apporté sa contribution pour appuyer ce genre d'initiative. Mohamed Klalèche, président de l'APW, nous a expliqué: «Nous avons contribué financièrement dans les projets de réalisation de beaucoup de stèles. Toutes les associations où comités de village qui nous sollicitent dans ce sens nous leur accordons une subvention. Les aides varient entre 80 millions et 700 millions de centimes», nous a également indiqué M. Klalèche, qui ajoute que la contribution de l'APW dans la confection de la statue en bronze de l'illustre écrivain et anthropologue Mouloud Mammeri, est de l'ordre de 800 millions. D'ailleurs, faut-il le rappeler, cette œuvre artistique sera inaugurée à Beni Yenni, commune natale de l'auteur de La colline oubliée. Acheminée de Cologne, en Allemagne, cette statue de 1,85 mètre de haut est recouverte de bronze. Comme celle de Dda Lmulud, d'autres statues, de révolutionnaires notamment, y ont été réalisées, dont celles d'officiers supérieurs de l'ALN, qui longent la RN 12, de Tadmait, à l'entrée ouest de la wilaya de Tizi Ouzou, jusqu'à Chaieb, dans la commune de Mekla. Elles représentent les neufs colonels de la Wilaya III historique, à savoir : Krim Belkacem (au niveau de Tadmaït), Amar Ouamrane (à Draâ Ben Khedda), Ali Mellah (à Oued Fali), Slimane Dehiles (près de la station de bus de Béni Douala), Ali Zamoum (à Oued Aïssi), Amirouche Aït Hamouda, (Talla Toulmout) , dans la commune de Tizi Rached), Iazourene Saïd (Tamda), Mohamedi Saïd, (à Taboukert) et Akli Arezki dit Mohand Oulhadj (Chaoufa), ainsi que le père fondateur de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Aïssat Idir (Chaïb, dans la commune de Mekla) et Abane Ramdane, considéré comme «l'architecte de la Révolution» (à l'échangeur de Sikh Oumeddour). «Les stèles des héros de l'Algérie, qui se sont sacrifiés pour ce pays, représentent une partie non négligeable de l'écriture de notre histoire, une démarche qui ne se limite pas aux documents et témoignages écrits et aux œuvres cinématographiques», nous dira un moudjahid. Pour rappel aussi, plusieurs lieux de mémoire ont été réhabilités pour ériger des stèles à l'effigie des martyrs et moudjahidine de chaque localité. Dans la daïra de Bouzeguène, à 60 kilomètres à l'est de Tizi Ouzou, un monument à la mémoire du colonel Mohand Oulhadj a été inauguré lors de la célébration du 54e anniversaire de l'indépendance. D'autres y ont été réalisées, entre autres, à Aïn El Hammam, Iflissen, Azazga, Aghribs, Larbaâ Nath Irathen, Draâ El Mizan et Iferhounen. Ces endroits peuvent servir de lieux historiques et de commémoration. Les initiatives ne se limitent pas à revisiter des martyrs de la Révolution, mais aussi des artistes, à l'image du buste érigé à Tikoubaine, dans la commune de Ouaguenoune, à 20 kilomètres au nord-est de Tizi Ouzou, pour le chantre de la chanson kabyle, Matoub Lounès, assassiné en 1998. Le chef historique et fondateur du FFS, Hocine Aït Ahmed, a eu droit, lui aussi, à une belle statue érigée au chef-lieu de la daïra de Ouacifs, et inaugurée, dernièrement. Elle a été réalisée par trois artistes sculpteurs, diplômés de l'Ecole des beaux-arts d'Alger et celle de Mostaganem, en l'occurrence Ahcène Blibek, Samir Salmi et Hamid Ferdi. Des stèles et des fresques pour immortaliser des journalistes assassinés durant la décennie noire ont été aussi réalisées dans la ville des Genêts, comme celles de Tahar Djaout et de Moh Achour Belghazli. Les citoyens de la wilaya de Tizi Ouzou ont également des plaques commémoratives en hommage à des victimes des événements de Kabylie.