Le Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) a mis à exécution ses menaces. Il a paralysé, hier, à hauteur de 41% les établissements scolaires du secondaire. 24 600 enseignants affiliés à ce syndicat ont suivi le mot d'ordre de grève d'une semaine reconductible. « En dépit de l'intervention du ministre de l'Education à la veille de notre mouvement de grève, malgré ses appels à la sagesse, les enseignants ont répondu favorablement à notre appel », a précisé Meziane Meriane, porte-parole du Snapest, qui fera remarquer que sur les 48 wilayas que compte le pays, la grève a touché 41 régions avec un taux de suivi qui varie d'une ville à une autre. Néanmoins, Meriane n'a pas nié qu'au niveau de la capitale la grève n'a pas connu un grand succès, elle a été diversement suivie, mais à l'ouest et au sud du pays, le syndicat a ratissé large alors qu'à l'Est, le taux de suivi de la grève était appréciable. Pourquoi donc ce taux mitigé ? Cela ne signifie-t-il pas que la lettre du ministre de l'Education nationale et ses appels à la raison ont eu un écho auprès de la communauté éducative ? M. Meriane bat en brèche ces appréciations. Il s'en défend en expliquant qu'il existe plusieurs organisations syndicales représentant le secteur de l'éducation. « Notre syndicat est implanté dans les 48 wilayas du pays, mais il est beaucoup plus incrusté à l'Ouest et au Sud. Il existe huit syndicats représentant le secteur de l'éducation et les résultats obtenus dans la capitale varient en fonction de l'implantation des uns et des autres », a soutenu M. Meriane qui observe que le Cnapest qui a décidé en commun accord avec l'Union nationale du personnel de l'éducation et de la formation (Unpef) un mouvement de débrayage à partir du 24 février prochain, est mieux représenté au niveau d'Alger. Lors d'une conférence de presse, M. Meriane est revenu longuement sur les déclarations contradictoires du premier responsable du secteur et d'Ahmed Tessa, son conseiller. La voie du dialogue mise en avant Ce dernier, affirme le conférencier, a déclaré sur les ondes de la Chaîne III que le régime indemnitaire est en phase de finalisation et il sera rendu public dans un mois. Par contre, le ministre a soutenu que les travaux de la commission qui se penche sur le régime indemnitaire rendra publics ces résultats incessamment. « Ces contradictions ont créé une crise profonde et ont entretenu le flou chez les enseignants. Nous avons demandé au ministre d'être sincère et de nous donner une date butoir », a tonné Meriane qui estime que la solution de ce problème résidait dans la prise d'une décision définissant la date effective de la mise en œuvre du régime indemnitaire. Ce dernier a appelé le ministère de l'Education nationale à adopter la voie du dialogue véritable et à éviter la tergiversation dans l'examen de ce dossier et de trancher dans les différentes propositions soumises au comité ministériel ad hoc. Par ailleurs, le département de M. Benbouzid, fidèle à ses pratiques, a évalué, selon ses compétences, le mouvement de grève déclenché par le Snapest. Il en ressort de cette évaluation que la grève a enregistré un taux de suivi de moins de 3%, à travers les lycées du pays. Selon les statistiques du ministère, sur un total de 65 803 enseignants exerçant dans les différents établissements secondaires et techniques, seuls 1615 enseignants ont observé la grève, soit 2,77%. Les taux de suivi les plus élevés ont été relevés dans les wilayas d'Oran (43,34%), El Bayadh (43,32%), Béchar (28,85%), Adrar (22,99%) et Tamanrasset (21,97%). Commentant le pourcentage communiqué par le ministère de tutelle, M. Meriane regrette l'attitude des responsables du ministère en expliquant que dans la ville d'Oran, 2200 n'ont pas donné de cours au niveau de leurs établissements alors que le ministre avance le nombre de 1615 enseignants seulement qui ont suivi la grève. « Les responsables de ce département doivent retourner à l'école pour réapprendre à calculer. Le but visé à travers notre débrayage n'est pas de polémiquer autour des chiffres mais d'attirer l'attention des pouvoirs publics sur nos revendications », a pesté celui-ci. Les revendications du Snapest intéressent la régularisation du dossier des indemnités et des primes avec effet rétroactif, et la révision des dossiers des œuvres sociales et de la médecine du travail.