Lorsque j'ai commencé à écrire mon scénario, j'étais loin de me douter que ce problème allait prendre une telle ampleur pour devenir « une préoccupation nationale » censée interpeller les plus hautes autorités algériennes. Malgré des départs de plus en plus nombreux, des corps sans vie repêchés chaque semaine, des articles de presse virulents, la constitution d'associations de parents de jeunes disparus en mer, aucune véritable solution humaine et politique n'est envisagée pour circonscrire ce phénomène qui touche un pays pourtant riche par sa rente pétrolière. La répression est telle qu'un jeune clandestin risque aujourd'hui cinq ans de prison pour tentative de traversée illégale de la Méditerranée. Ces nouveaux boat-people sont le symbole du drame que vit la jeunesse algérienne tiraillée entre l'islamisme radical qui crée le kamikaze, l'émeute collective qui embrase très souvent les villes et les villages, le suicide individuel ou la fuite en groupe par tous les moyens d'un pays qui semble figé et n'offre plus rien à ses enfants. Harragas est une fiction dont la seule ambition est de montrer la situation d'un groupe de ces jeunes désespérés qui décident de se lancer dans cette traversée périlleuse. Harragas est dans la continuité de mes films qui parlent de la jeunesse algérienne, son mal vivre, ses doutes, ses espoirs en une vie meilleure. Comme dans mes précédents films, c'est une histoire humaine que j'ai voulu raconter, car l'odyssée dramatique de ces jeunes me touche profondément et me révolte. (Extrait du dossier de presse sur harragas-lefilm.com/)