D'un salon de coiffure à la politique, le personnage féminin de Soussou croit à la possibilité d'une carrière dans un pays où tout est possible. Pays de miracles, aurait dit un poète. Soussou est l'un des personnages du nouveau spectacle de Toufik Mezaâche, Hna hakdha, présenté mardi soir à la maison de la Culture Houari Boumediène de Sétif, à la faveur de la manifestation Fouara Show. Mis en espace par Abdelmalek Boussahel, ce one man show décortique certains comportements sociaux avec beaucoup d'humour. Soussou adopte le discours de la volaille pour «expliquer» son «projet» de société. Toufik Mezaâche a déplacé son viseur vers l'autoroute pour dresser le portrait d'un conducteur qui fait tout en même temps : accélérer, manger un sandwich, parler au téléphone, se curer le nez… Les fêtes de mariage inspirent également le comédien. Des femmes qui critiquent la mariée : «Tu crois qu'elle a acheté ces habits ?» «Non, elle les a loués.» «Tu penses qu'elle va rester avec lui ?» «Non, elle va divorcer». Le moment de passer à la danse est tout aussi «inspirant» pour Toufik Mezaâche qui imite à la perfection les gestuelles et les pas. La «piste» des fêtes de mariage regorge de scènes comiques. Autant que les dîners où l'on se bouscule parfois autour des tables. «Mais là, il faut mettre un gardien pour la viande, sinon tout va s'envoler», lance le comédien qui semble bien connaître «la mécanique secrète» des cérémonies de mariage. Le «takachouf» (austérité), désormais célèbre, a été également évoqué par l'artiste dans un langage critique vivace. Toufik Mezaâche a ensuite dessiné les contours, parfois opposés, d'un bourgeois et «d'un nouveau riche» en jouant avec finesse sur les clichés. Toufik Mezaâche, qui a «invité» sa guitare comme un second personnage sur scène, a imité ses amis artistes Laâmri Kaouane, Hakim Dekkar (qui anime les soirées de Fouara Show), Mourad Saouli et Abdelmalek Boussahel, manière de leur rendre un sympathique hommage. La satire sociale Hna hakdha tire sa force de la simplicité du texte, du jeu naturel du comédien et des situations marquées d'un saisissant réalisme. «Ce soir, je n'ai joué que des fragments de mon nouveau spectacle. J'évoque le ‘‘nous''. Ce que nous sommes. Il ne faut pas avoir honte de dire : nous sommes comme ça, il faut positiver les choses, assumer. Il ne sert à rien de se référer à une autre société. Quand j'évoque la femme qui passe du salon de coiffure à la politique, c'est pour évoquer l'absence d'un certain éveil. Cela dit, je n'ai rien contre les femmes qui militent», a relevé Toufik Mezaâche après le spectacle. En soirée, Lalla ou Si, le nouveau spectacle de Sofiane Attia, de la coopérative Canevas de Bordj Bou Arréridj, a été présenté au théâtre municipal de Sétif. Un couple (Khamssa Mebarkia et Billel Laraba), domestiques dans une grande maison, racontent leur vie, évoquent leur passé et étalent leurs rêves. Le style comique de la pièce a plu au public présent, même si la pièce a connu quelques moments de flottement malgré les intermèdes musicaux choisis pour rafraîchir le spectacle et relancer l'interprétation des deux comédiens. Dans l'après-midi, le concours du one man show s'est poursuivi à la maison de la Culture face au jury de Djamel Guermi. Cinquante spectacles sont inscrits dans le tableau de la compétition de la 4e édition du Fouara Show.