Le coup d'envoi de la quatrième édition de la manifestation Fouara Show a été donné dimanche soir à la maison de la Culture Houari Boumediène de Sétif. Organisée par l'Office de la culture et du tourisme de l'APC de Sétif, la manifestation célèbre chaque année le one man show et donne la chance à des jeunes artistes de Sétif et d'autres wilayas de monter sur scène. Cinquante spectacles ont été retenus cette année par le comité de sélection. La compétition s'annonce déjà serrée pour le Fouara d'or (dotée de 200 000 DA). Le jury est présidé par le metteur en scène Djamel Guermi, assisté de Fethi Kafi, Mohamed Boukeras, Mourad Bencheikh, Fatiha Taïbi et Rabie Guechi. Une douzaine de spectacles sont programmés chaque jour au niveau de la maison de la Culture Houari Boumediène et au théâtre municipal nouvellement rénové. «Nous voulons qu'au fil des ans les Fouara Show prennent de l'ampleur pour devenir un grand événement culturel. C'est notre rêve. Chaque travail débute avec les premiers pas. Financièrement, nous ne sommes pas encore prêts pour ériger la manifestation en festival national», a déclaré Nasreddine Ouahrani, président de l'APC de Sétif, lors d'un point de presse à l'hôtel Azdif. Il a reconnu l'existence de difficultés pour organiser pareil événement. «En plus des spectacles, nous avons tracé un programme de formation. Nous voulons découvrir de nouveaux talents et braquer les projecteurs sur eux. Il est de notre rôle de les encourager», a ajouté Nasreddine Ouahrani. Toufik Mezaâche, directeur artistique de Fouara Show, a qualifié de positive l'organisation de la manifestation par une collectivité locale. «C'est en tout cas mieux que de dépendre d'un théâtre régional. Nous nous débrouillons pour avoir du sponsoring. Nous n'attendons pas la subvention du ministère de la Culture. Nous axons la manifestation sur le stand-up en accompagnant les spectacles d'une formation artistique», a-t-il dit, saluant le soutien de la direction de la culture de Sétif. Khaled Mehnaoui, directeur de l'Office de la culture et du tourisme, a, pour sa part, précisé que son établissement organise plusieurs activités culturelles à longueur d'année. «Nous sommes, par exemple, à la onzième édition du Salon international des arts plastiques et la quatrième édition du festival du court métrage. La réussite du Fouara Show est dans sa continuité. L'un des buts de la création de notre office est justement d'assurer le maintien de la manifestation avec le soutien de l'APC», a-t-il précisé. Le programme de formation est coordonné par le comédien et directeur de la coopérative théâtrale El Anis de Sétif, Lâamri Kaouane. «Nous avons repris des jeunes révélés par le Fouara Show lors de la première édition. Chaque année, la formation est approfondie. Nous gardons les mêmes stagiaires et les mêmes formateurs. Ce programme est soutenu par le ministère de la Culture», a souligné Laâmri Kaouane. Les formateurs sont Smaïl Soufit (écriture dramatique), Djamel Guermi (interprétation), Rabie Guechi (l'art de l'improvisation), Tounes Aït Ali (espace et expression corporelle) et Mourad Bouchehr (scénographie). «Nous travaillons pour un grand projet théâtral ici à Sétif où seront intégrés tous les comédiens formés par Fouara Show. C'est une manière de passer de la théorie à la pratique sur scène. Plus de 100 comédiens vont avoir des rôles dans ce spectacle qui pourrait être une comédie musicale», a annoncé Lâamri Kaouane. Lors de la cérémonie d'ouverture, un hommage particulier a été rendu à Omar Mokhtar Chaâlal en présence de sa famille. «Il était une personnalité importante de la ville. Ecrivain et artiste engagé, il méritait une pensée de notre part. Une manière de le remercier pour tout ce qu'il a donné au pays et à Sétif», a déclaré Nasreddine Ouahrani. L'artiste plasticien tunisien, Habib Ghorabi, a fait sensation avec un spectacle intitulé Les sables mouvants, mis en scène par Ali Yahiaoui. Il s'agit de tableaux successifs dessinés avec du sable et projetés sur grand écran avec un accompagnement musical pour chaque œuvre. Une nouvelle forme d'art vivant. «Nous avons créé des recoupements entre toutes les formes artistiques, entre le théâtre et les arts visuels. J'étais moi-même décorateur au théâtre. Et là, l'œuvre que je réalise en live devient elle-même une création théâtrale», a expliqué Habib Ghorabi. Amine Moussaoui (13 ans), formé à la faveur du Fouara Show, a présenté un petit stand-up dans lequel il a dénoncé la violence exercée contre les enfants dans le milieu social et à l'école. Dans le genre tragi-comique, Saber Ayeche a montré sur scène qu'il pouvait surmonter son handicap et en faire une matière pour nourrir un one man show construit autour du personnage du gardien. «Ils mettent des gardiens et des agents de sécurité qui ont du mal à se déplacer. Comment peuvent-ils assurer la sécurité ?» a-t-il lancé sur un ton sarcastique. Dans la foulée, il s'est moqué de la pension de 4000 DA accordée mensuellement par l'Etat aux personnes souffrant d'un handicap quelle que soit leur situation familiale. «C'est-à-dire que je touche chaque jour 129 DA. Qu'est-ce que je peux faire avec cet argent, hein ?» s'est-il interrogé. «Je préfère la simplicité et la spontanéité dans mon travail. J'aime être franc même sur scène. Ce spectacle était un défi pour moi, j'ai surmonté plusieurs obstacles. J'ai écrit ce que je ressentais. Pour moi, le véritable handicap n'est pas dans le physique mais dans l'esprit», a déclaré Saber Ayeche, qui va collaborer avec le comédien Antar Hellal (Aïssa Story) pour perfectionner son spectacle.