L'école, censée être un sanctuaire de l'égalité et du mérite, se transforme peu à peu en un terrain miné par l'injustice sociale. Le phénomène des cours de soutien payants, jadis marginal, s'est désormais érigé en véritable marché lucratif, divisant l'éducation entre les « nantis » et les « pris en otage ». Dans les trois paliers de l'enseignement, des enseignants sans scrupules exploitent leur position pour forcer les élèves des classes d'examen à suivre des cours supplémentaires, dispensés dans des garages ou des appartements aménagés à cet effet. Les tarifs, souvent prohibitifs, rendent ces cours inaccessibles aux enfants issus de familles défavorisées. Ces élèves, privés d'un suivi adéquat, se retrouvent exclus d'une préparation équitable, creusant davantage les inégalités. Pour beaucoup de parents, ces cours ne sont pas un choix, mais une obligation tacite imposée par des enseignants qui conditionnent la réussite aux examens à leur participation. « Mon fils, en terminale, a vu ses notes chuter après avoir refusé de suivre ces cours », témoigne un père désemparé. Ce chantage à la réussite est renforcé par une absence totale de contrôle de la part des autorités, laissant la porte ouverte à toutes les dérives. Dans ces garages ou appartements transformés en salles de classe improvisées, la promiscuité règne. Des dizaines d'élèves s'y entassent, payant chacun leur part pour une pédagogie douteuse, loin des standards académiques. Ces lieux, souvent inappropriés, posent aussi des problèmes de sécurité et d'hygiène. Pour les élèves issus de familles aisées, ces cours de soutien ne sont qu'une formalité supplémentaire dans leur quête de réussite. Mais pour ceux des familles modestes, c'est une barrière infranchissable. « Comment peut-on parler d'égalité des chances dans ces conditions ? » , s'insurge un enseignant révolté par ce système. Malgré les nombreuses plaintes, l'administration semble fermer les yeux sur cette situation. Pourquoi cette passivité face à un problème aussi flagrant ? Les Associations de parents d'élèves appellent à une régulation stricte et à des sanctions contre les enseignants fautifs, ainsi qu'à une révision du système éducatif pour que l'école redevienne ce qu'elle devrait être : un lieu d'épanouissement et d'égalité. L'éducation à Tébessa est à un tournant décisif. Sans intervention rapide et efficace, ce phénomène risque de compromettre encore davantage l'avenir des élèves les plus vulnérables. Car, au-delà des cours de soutien payants, c'est l'intégrité même de l'école publique qui est en jeu. Maallem