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Les enquêtes de terrain montrent une déficience dans la gestion des projets et la faiblesse d'une planification stratégique
Management de projets
Publié dans La Nouvelle République le 26 - 12 - 2024

Afin d'éviter des actions conjoncturelles de peu d'effets à moyen et long terme, devant différencier selon le langage militaire tactiques et stratégie, il est souhaitable que toute politique s'insère au sein d'une véritable planification stratégique collant avec l'anthropologie culturelle de la société. Cette présente contribution est le fruit d'enquêtes sur le terrain montrant la déficience dans la gestion des projets qui touche la majorité des secteurs nationaux et de wilayas où uniquement pour la période 2000/2020, selon un rapport officiel du Premier ministère (source APS), l'assainissement des entreprises publiques a coûté au Trésor public environ 250 milliards de dollars, et entre 2021/2024 ayant continué à renflouer certains segments, où plus de 80% sont revenus à la case de départ.
Tout projet doit montrer clairement la hiérarchie des objectifs, les résultats escomptés par secteur, ainsi que la portée, les indicateurs de performance, les indicateurs des objectifs et des échéanciers précis et enfin l'hypothèse de risques. Le contrôle de la qualité de gestion doit avoir pour finalité l'appréciation des conditions d'utilisation et de gestion des fonds gérés par les services de l'Etat ainsi que les établissements et organismes publics et privés, ce qui renvoie à l'évaluation des politiques publiques. Souvent, on constate dans la majorité des cas la faiblesse de maîtrise dans la gestion des projets qui font l'objet de surcoûts et de réévaluations permanentes, d'où la faiblesse de l'impact de ces projets en termes de rentabilité et de retour sur investissements.
Les déficiences observées dans le processus budgétaire et les goulets d'étranglement institutionnels ont entraîné souvent une mauvaise exécution des programmes d'investissement. Toutes ces insuffisances aboutissent en Algérie à une mauvaise programmation, à la surestimation des dépenses et à de longs retards dans la réalisation. Parmi les carences importantes observées dans ce registre, nous avons le décalage entre la planification budgétaire et les priorités sectorielles, l'absence d'interventions efficaces dues à un morcellement du budget résultant de la séparation entre le budget d'investissement et celui de fonctionnement et les écarts considérables entre les budgets d'investissement approuvés et les budgets exécutés, renvoyant à la faiblesse de la capacité d'exécution des organismes concernés. Les nombreuses faiblesses trouvent leur origine dans la faiblesse de la préparation technique du personnel d'exécution et la qualité des projets qui sont généralement faibles et inégales et le chevauchement des responsabilités entre les diverses autorités et parties prenantes. L'on devra éviter du replâtrage qui conduit, à une incohérence de la gestion se répercutant négative sur la gestion des projets
Pour s'adapter à la nouvelle configuration des relations internationales, l'action gouvernementale doit définir clairement les objectifs stratégiques. Il s'agit de se poser les bonnes questions : comment se pose le problème ? Quelles sont les contraintes externes (engagements internationaux de l'Algérie) ? Quelles sont les contraintes socio-économiques, financières et techniques internes ? Quels sont les choix techniquement possibles et les ensembles de choix cohérents, et quelles sont les conséquences probables de ces choix ? Quelles méthodes de travail choisir qui permettent de déterminer les paramètres (moyen et long terme) et les variables (court terme) dont dépend un système complexe ? Après avoir décomposé la difficulté en éléments simples, il convient de se poser des questions et apporter des réponses opérationnelles, loin des théories abstraites, réalisations physiques et plan de financement sur chacun des éléments : Quoi ? Qui ? Où ? Quand ? Comment ? Combien ? Pourquoi ? Comment faire ? L'on devra distinguer dans la hiérarchisation les projets capitalistiques dont le seuil de rentabilité, si le projet est lancé en 2025, le seuil de rentabilité, sous réserve du respect des réalisations sera dans 6/7 ans à horizon, pour les projets moyennement capitalistiques, au bout de 4/5 années et des projets faiblement capitalistiques (PMI/PME) au bout de 2/3 années. L'on devra tenir compte des nouvelles mutations mondiales qui seront dominées par ce que Jacques Attali nomme les «industries de la vie» : la santé, l'alimentation, l'écologie, l'hygiène, l'éducation, la recherche, l'innovation, la sécurité, le commerce, l'information, la culture ; et bien d'autres, ces segments qui augmenteront la productivité, avec de nouveaux emplois qui satisferont la demande sociale. Il s'agit d'éviter la vision bureaucratique, de croire que l'élaboration de lois est la seule solution alors que la solution durable est de s'attaquer aux blocages du fonctionnement de la société avec des actions concrètes sur le terrain loin des discours et promesses utopiques qui créent une névrose collective au niveau de la société.
En conclusion, des organes techniques ont peu d'efficacité sans une mobilisation et une participation citoyenne. Le manque de planification stratégique, collant avec les aspirations de la société, fonction d'un système d'information fiable en temps réel, peut occasionner à l'Etat des pertes qui peuvent se chiffrer en dizaines de milliards de dollars, tout en favorisant la mauvaise gestion et la corruption. Il s'agit de ne pas confondre le tout-Etat, avec une gestion administrative, loin des normes économiques, solution de facilité des bureaucrates en panne d'imagination, avec l'importance de l'Etat régulateur stratégique en économie de marché. Mais qui suppose un degré de compétences élevés pour réguler, en ce monde en perpétuel mouvement et dont les effets des tensions géostratégiques actuelles et le développement de l'intelligence artificielle augurent de profonds bouleversements entre 2025/2030/2040.
Abderrahmane Mebtoul
Professeur des Universités


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