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Appel à une «responsabilité clairement définie» de ce crime d'Etat
Publié dans El Watan le 11 - 10 - 2016

Le 17 Octobre 1961, des dizaines de milliers d'Algériens manifestaient pacifiquement à Paris contre le couvre-feu qui leur avait été imposé par Maurice Papon, préfet de police de Paris et le gouvernement de l'époque. «Ils défendaient leur droit à l'égalité, leur droit à l'indépendance et le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.
Ce jour-là, et les jours qui suivirent, des milliers de ces manifestants furent arrêtés, emprisonnés, torturés — notamment par la force de police auxiliaire — ou pour nombre d'entre eux refoulés en Algérie. Des centaines perdirent la vie, victimes d'une violence et d'une brutalité extrêmes des forces de police», rappelle le collectif associatif Vérité et justice sur le 17 Octobre 1961.
Et de souligner que 55 ans après, «la vérité est en marche. Cependant, la France n'a toujours pas reconnu sa responsabilité dans les guerres coloniales qu'elle a menées — en particulier la guerre d'Algérie —, non plus que dans le collège de drames et d'horreurs qu'elles ont entraînés, comme ce crime d'Etat que constitue le 17 Octobre 1961». Aussi, «le 17 Octobre 2012, le président de la République a, certes, fait un premier pas important, en déclarant : ‘‘Le 17 Octobre 1961, des Algériens, qui manifestaient pour le droit à l'indépendance, ont été tués lors d'une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits.
Cinquante et un an après la tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes''. Mais le terme de crime n'est pas repris, et la responsabilité, sous-entendue, n'est pas clairement définie. Nous demandons une parole claire aux autorités de la République, au moment où certains osent encore aujourd'hui à continuer à parler des ‘‘ bienfaits de la colonisation'', à célébrer le putsch des généraux à Alger contre la République, à honorer les criminels de l'OAS.» Le Collectif Vérité et justice sur le 17 Octobre 1961 estime que dans ce domaine, il est nécessaire que «des mesures significatives» soient prises comme «la création d'un lieu de mémoire voué à cet événement, demandée dans la résolution votée par le Sénat en octobre 2012 qui reconnaissait elle aussi ce massacre, soit rapidement mise en œuvre par les autorités de l'Etat, de la ville de Paris et la région Île-de-France».
Pour être fidèles à leur mission scientifique, les historiens ont besoin de pouvoir accéder librement aux archives, échapper aux contrôles des pouvoirs ou des groupes de pression et travailler ensemble avec leurs homologues de l'autre rive de la Méditerranée ; la vérité doit être dite sur l'organisation criminelle de l'OAS que certains, comme à Béziers avec le maire Robert Ménard, et au sein de l'ancienne majorité présidentielle veulent réhabiliter.
Et qu'«après plus d'un demi-siècle, il est temps que le président de la République, au nom de la France, confirme, par un geste symbolique, la reconnaissance et la condamnation de ce crime d'Etat ; que l'Etat français reconnaisse sa responsabilité dans l'internement arbitraire, pendant la guerre d'Algérie, d'Algériens dans des camps ; que l'Etat français reconnaisse sa responsabilité dans l'abandon des harkis, les massacres et l'enfermement dans les camps en France en 1962 ; que la liberté d'accès aux archives soit effective pour tous, historiens et citoyens ; que la recherche historique sur ces questions soit encouragée, dans un cadre franco-algérien, international et indépendant». A l'occasion de ce 55e anniversaire, un rassemblement est organisé le 17 octobre 2016 à 17h30 au Pont Saint-Michel, à Paris.


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