Le nouveau code de la route, entré en vigueur, est à l'image des autres codes du pays, sévère et répressif, au point où sont punis d'une peine de prison à perpétuité les conducteurs qui chanteraient une chanson de Shakira en faisant un créneau avant. Non, ce dernier point n'est pas vrai mais tout le reste l'est, amendes exorbitantes et peines de prison pour différents types de délit. Pourquoi tant de haine ? L'argument est facile pour les législateurs, ce code est inspiré des pays les plus avancés. Et c'est vrai, sauf que dans ces pays d'où a été importé ce code (oui, c'est encore de l'importation), les citoyens ont autant de droits que de devoirs. Ils sont punis lors d'excès de vitesse ou de dépassement dangereux mais en contrepartie, ils bénéficient de l'assistance d'une justice indépendante et incorruptible, d'un droit de vote véritable à tous les niveaux, y compris pour élire le chef de la police ou le procureur général. En Algérie, il est interdit de se garer en double file mais il y est aussi interdit de créer un parti politique ou un journal d'information, très difficile de monter une association et d'avoir accès à une justice indépendante. Que faut-il faire alors ? Logiquement, diminuer le nombre de devoirs pour qu'il soit équivalent au nombre de droits, c'est-à-dire alléger les codes. Ou mieux, augmenter le nombre de droits en laissant les devoirs tels qu'ils sont. C'est là où le problème se pose, aucun législateur algérien n'a conçu une loi ou un code qui va vers plus d'ouverture, de droit, de liberté ou d'indépendance. Et aucun législateur n'a envie de le faire. Pourquoi ? Pour éviter d'être puni par un autre code, secret, qui dit que la société doit avoir le moins de pouvoir possible. Oui, mais pourquoi ? Parce qu'aucun wali, ministre ou président n'accepte d'être dépassé. La route leur appartient. Même s'ils ne savent pas conduire.