Seize pays de l'Union européenne sur 27 ont voté pour, les autres, comme l'Allemagne et l'Italie, se sont abstenus. L'ONU a remis vendredi la pression sur Israël et les Palestiniens, en leur demandant à nouveau d'enquêter de manière crédible sur les crimes de guerre qu'ils sont accusés d'avoir commis lors du conflit de Ghaza l'hiver dernier. L'Assemblée générale, où siègent les 192 Etats membres de l'ONU, a adopté, à cet effet, une résolution proposée par plusieurs pays arabes, par 98 voix contre 7, avec 31 abstentions. Israël et son principal allié, les Etats-Unis, ont voté contre. La Chine a voté pour, la Russie s'est abstenue. Seize pays de l'Union européenne sur 27 ont voté pour, les autres comme l'Allemagne et l'Italie se sont abstenus. La résolution, non contraignante, demande à Israël et aux Palestiniens d'ouvrir des enquêtes « indépendantes, crédibles et conformes aux critères internationaux » sur les « graves violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme » dont ils ont été accusés. Elle donne virtuellement cinq nouveaux mois aux deux parties pour s'exécuter puisqu'elle demande au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, de lui faire un rapport dans ce délai sur la mise en œuvre de ces exigences. La résolution recommande de nouveau au gouvernement suisse, dépositaire de la Convention de Genève relative à la protection des civils en temps de guerre, de réunir une conférence des parties contractantes à cette Convention, sur « les mesures à prendre pour faire respecter celle-ci dans les territoires occupés, y compris à Jérusalem-Est ». Les accusations de crimes de guerre étaient contenues dans le rapport controversé de la commission du juge sud-africain Richard Goldstone, qui avait été chargée par l'ONU d'enquêter sur la manière dont s'était déroulé le conflit, lors de l'offensive militaire israélienne dans la bande de Ghaza du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009. L'Assemblée plénière de l'ONU avait déjà demandé de telles enquêtes, le 5 novembre dernier, donnant trois mois aux deux parties pour les mener à bien. A l'échéance de ce délai, le 5 février, M. Ban avait remis un rapport dans lequel il déclarait n'être pas en mesure de déterminer si Israël et les Palestiniens s'étaient conformés à l'exigence formulée par l'Assemblée en novembre. M. Ban avait reçu, fin janvier, un rapport officiel du gouvernement israélien, dans lequel celui-ci se défendait d'avoir violé les lois de la guerre et s'efforçait de réfuter les accusations de la commission Goldstone. Jusqu'ici, l'Etat hébreu n'a pas annoncé la création d'une commission d'enquête. M. Ban avait également reçu, fin janvier, de l'Autorité palestinienne, un rapport préliminaire sur la façon dont elle prévoyait d'enquêter sur la guerre à Ghaza. L'observateur permanent de la Palestine, Riyad Mansour, auteur de la nouvelle résolution, a exprimé sa gratitude pour « un vote écrasant contre l'impunité et pour l'établissement des responsabilités ». Le silence du Mossad Le chef de la police de Dubaï a exhorté le patron du Mossad israélien, Méir Dagan, à reconnaître la responsabilité de son service dans le meurtre en janvier, à Dubaï, d'un cadre du Hamas, Mahmoud Al Mabhouh. « Méir Dagan, le chef (du Mossad), se doit d'admettre son crime (...) ou d'apporter un démenti catégorique à l'implication de son service. Mais son attitude actuelle témoigne de sa peur. Qu'il s'assume, en homme », a déclaré le général Dhahi Khalfan dans le quotidien Emarat Al-Youm, organe du gouvernement local de Dubaï. M. Khalfan — dont la police a mis en cause le Mossad pour le meurtre de Mahmoud Al Mabhouh, retrouvé mort le 20 janvier dans un hôtel de l'émirat — a annoncé vendredi posséder « une preuve irréfutable de l'ADN d'un des assassins », outre les « empreintes digitales » de plusieurs autres suspects. La police de Dubaï a publié une liste de 26 suspects porteurs, selon elle, de vrais faux passeports (12 Britanniques, six Irlandais, quatre Français, trois Australiens et un Allemand), avec leurs photographies, indiquant que les passeports sont authentiques et les suspects en ont fait une utilisation frauduleuse par usurpation d'identité. « Ce qui est sûr jusqu'à présent, c'est que la plupart des meurtriers dont les noms ont été annoncés (...) se trouvent en Israël », a souligné le général Khalfan dans Al-Khaleej, un quotidien des Emirats. « Dagan et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, seront tous les deux en tête des personnes recherchées (par mandat international) dès lors qu'il sera prouvé que le Mossad est l'auteur du meurtre et que Dagan (...) admettra franchement être responsable de la planification et de l'exécution du crime », ajoute-t-il. Le chef de la police a, en outre, estimé que la police de Dubaï devrait se doter désormais d'« une section spécialisée dans la lutte contre le Mossad ». L'Australie enquête sur des affaires d'espionnage au profit d'Israël Une enquête sur trois citoyens ayant la double nationalité australienne et israélienne, soupçonnés d'espionnage pour le compte d'Israël, a été lancée par le service de renseignement australien (ASIO), a rapporté hier le journal Sydney Morning Herald. Selon le journal, l'enquête a été ouverte au moins six mois avant l'assassinat en janvier à Dubaï de Mahmoud al Mabhouh, responsable au sein du mouvement palestinien Hamas, un acte largement attribué aux services secrets israéliens (Mossad). Les autorités de Dubaï ont révélé que trois suspects de l'assassinat, aux noms de trois citoyens de double nationalité australienne et israélienne, étaient porteurs de passeports australiens. Selon des sources de renseignement australiennes, les trois personnes faisant l'objet d'enquête australienne ont toutes immigré en Israël durant la dernière décennie, mais retournent en Australie à différents moments pour obtenir un nouveau passeport.