L'AG de l'ONU, où siègent 192 Etats, a adopté une résolution par 98 voix contre 7, avec 31 abstentions. Israël et son principal allié, les Etats-Unis, ont voté contre. L'ONU a remis vendredi soir la pression sur Israël et les Palestiniens de Hamas, en leur demandant à nouveau d'enquêter de manière crédible sur les crimes de guerre qu'ils sont accusés d'avoir commis lors du conflit de Ghaza, l'hiver dernier. L'Assemblée générale, où siègent les 192 Etats membres de l'ONU, a adopté à cet effet une résolution proposée par plusieurs pays arabes, par 98 voix contre 7, avec 31 abstentions. Israël et son principal allié, les Etats-Unis, ont voté contre. La Chine a voté pour, la Russie s'est abstenue. Seize pays de l'Union européenne sur 27, dont la France et la Grande-Bretagne, ont voté pour, les autres comme l'Allemagne et l'Italie se sont abstenus. La résolution, non contraignante, demande à Israël et aux Palestiniens d'ouvrir des enquêtes «indépendantes, crédibles et conformes aux critères internationaux» sur les «graves violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme» dont ils ont été accusés. Elle donne virtuellement cinq nouveaux mois aux deux parties pour s'exécuter puisqu'elle demande au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, de lui faire rapport dans ce délai sur la mise en oeuvre de ces exigences. La résolution recommande de nouveau au gouvernement suisse, dépositaire de la Convention de Genève relative à la protection des civils en temps de guerre, de réunir une conférence des parties contractantes à cette Convention, sur «les mesures à prendre pour faire respecter celle-ci dans les territoires occupés, y compris à Jérusalem-Est». Les accusations de crimes de guerre étaient contenues dans le rapport controversé de la commission du juge sud-africain Richard Goldstone, qui avait été chargée par l'ONU d'enquêter sur la manière dont s'était déroulé le conflit, lors de l'offensive militaire israélienne dans la bande de Ghaza, du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009. L'Assemblée plénière de l'ONU avait déjà demandé de telles enquêtes, le 5 novembre dernier, donnant trois mois aux deux parties pour les mener à bien. A l'échéance de ce délai, le 5 février, M.Ban avait remis un rapport dans lequel il déclarait n'être pas en mesure de déterminer si Israël et les Palestiniens s'étaient conformés à l'exigence formulée par l'Assemblée en novembre. M.Ban avait reçu fin janvier un rapport officiel du gouvernement israélien, dans lequel celui-ci se défendait d'avoir violé les lois de la guerre et s'efforçait de réfuter le accusations de la commission Goldstone. Israël, dont l'offensive répondait à des tirs de roquettes sur son territoire à partir de Ghaza par des militants palestiniens, juge le rapport Goldstone «inique, saugrenu et unilatéral». Jusqu'ici, l'Etat hébreu n'a pas annoncé la création d'une commission d'enquête. Mais l'armée a infligé un blâme à deux officiers supérieurs pour des tirs d'obus au phosphore contre un bâtiment de l'ONU lors de l'offensive à Ghaza, parce qu'ils étaient dirigés vers une zone habitée. M.Ban avait également reçu fin janvier de l'Autorité palestinienne un rapport préliminaire sur la façon dont elle prévoyait d'enquêter sur la guerre à Ghaza. L'observateur permanent de la Palestine Riyad Mansour, auteur de la nouvelle résolution, a exprimé sa gratitude pour «un vote écrasant contre l'impunité et pour l'établissement de responsabilités». L'ambassadrice d'Israël, Gabriela Shalev, a assuré à l'Assemblée que son pays «menait et continuerait de mener des enquêtes indépendantes, crédibles et conformes aux critères internationaux». Mais elle a réaffirmé le droit d'Israël à l'autodéfense.