L'état de santé de Fekhar est inquiétant. « Je l'ai trouvé à l'infirmerie de la prison où il a été admis après une grève de la faim qui dure depuis 5 jours (mardi 3 janvier). Il souffre de l'hépatite C. Il est très fatigué et son état de santé se détériore chaque jour davantage… », a attesté Salah Dabouz dans une déclaration à Elwatan.com. « L'administration de la prison lui a refusé le traitement adéquat. Le docteur Fekhar m'a chargé de demander à ses proches de prendre soin de sa famille. Il craint de subir le même sort que le journaliste Mohamed Tamalt (décédé en détention ndlr)», rapporte l'avocat. Kamel Eddine Fekhar a adressé une lettre au procureur général de Ghardaïa pour lui expliquer les raisons de sa grève de la faim, la 5eme du genre depuis juillet 2015, lorsqu'il a été placé sous mandat de dépôt -avec une vingtaine de ses camardes- au cours des événements sanglants de Ghardaïa. Le militant « exige », du procureur général, la libération des détenus arrêtés au cours des affrontements ayant endeuillé la région du M'zab. Les détenus, une soixantaine, répartis entre les prisons de Ghardaïa, El Menia et Berrouaghia (Médéa) « sont incarcérés dans des conditions difficiles et sont privés de prise en charge médicale », selon Salah Dabouz.
Le juge d'instruction de Berriane avait transféré l'affaire de Fekhar au tribunal criminel de Ghardaïa sans même rencontrer le mis en cause. Celui-ci a donc refusé de comparaître et a décidé de faire appel. Son affaire est entre les mains de la Cour suprême où « il risque une lourde peine, vu la gravité des charges qui pèsent sur lui », explique Me Dabouz. Kamel Eddine Fekhar – connu pour son parcours au sein du FFS et de la Laddh, avant de devenir le leader du Mouvement pour l'autonomie du M'zab – est accusé, entre autres, de « tentative d'incendie et d'incitation au meurtre ». L'activiste a été condamné en novembre dernier à un an de prison ferme, dans une autre affaire liée à des escarmouches ayant émaillé un festival de l'artisanat. D'après son avocat, Fekhar fait les frais d'un procès politique décidé par des hauts responsables de l'Etat. « Si on veut le condamner pour ses revendications politiques, qu'on le juge pour cela. Mais il faut expliquer, au préalable, si le projet d'autonomie constitue un crime… », estime Me Salah Dabouz. Pour rappel, l'avocat n'a pas échappé aux foudres de la justice algérienne puisque il a été placé, en juillet dernier, sous contrôle judiciaire, suite à ses critiques concernant les conditions d'incarcération dans la maison d'arrêt de Ghardaïa.