En 1972, Kateb Yacine débarque à Tlemcen, accoutré de son habituel chapeau de paille et son ensemble bleu. La silhouette avait alors choqué un responsable qui devait l'accueillir pour le montage d'une pièce. On s'attendait à un homme conformiste avec costume et cravate. C‘était mal connaître le personnage. Pis encore, l'œuvre théâtrale était plus « offensante » que le créateur lui-même. Dans « Voix de femmes » où la mère de Yaghmoracen a été jouée par les lycéens de Maliha Hamidou au jardin public, en présence d'une personnalité marocaine, « certains avaient pris leurs jambes à leur cou par peur des représailles. Ce n'est pas une fable. Pourtant Yacine ne voulait que « expérimenter » l'arabe populaire ». Trente-huit ans plus tard, l'auteur de Nedjma est retourné à Tlemcen par le biais de Brahim Hadj Slimane, journaliste et poète, pour nous présenter « La troisième vie de Kateb Yacine », un documentaire de 26 minutes retraçant un pan de ce monument littéraire. Des témoignages de gens précieux mais humbles, comme Mahfoud Lakroum. Á la maison de la culture Abdelkader Alloula, un autre nom de référence, le public a eu droit à une lecture en musique d'extraits de poèmes de « L'homme aux sandales de caoutchouc », par des artistes locaux.