Certains experts avancent que lors de ces élections, pour la première fois, les Irakiens devraient voter de manière plus « politique » que confessionnelle. Quel est votre sentiment ? Pour que les Irakiens puissent voter de manière moins confessionnelle, il faudrait déjà que les partis et les coalitions soient non confessionnels. Si des efforts ont été faits pour intégrer des personnalités de tous bords, les coalitions restent à très forte dominante soit chiite, soit sunnite. On retrouve un peu les mêmes acteurs dont les sentiments profonds n'ont pas évolué mais sont plus tabous, conséquence du coût payé par la population civile. Justement, cette situation sécuritaire, parfois exacerbée, reste tout de même moins problématique qu'il y a deux ans... L'Irak n'est plus dans la même configuration qu'en 2006/2007, période sanglante pendant laquelle les attentats visaient clairement à provoquer un cycle de violence. Ces efforts ont échoué mais le conflit en Irak, comme d'autres, produit les conditions d'une instabilité chronique. L'issue de ces élections pourrait-elle marquer, avec le départ des Américains courant 2010, le début d'une phase plus sereine ? Il faudra attendre la fin de l'année pour le dire car l'Irak, avec le retrait des forces combattantes américaines, concrètement 70 000 hommes en très peu de temps, va passer par une période critique. L'Etat reste une coquille vide, l'appareil sécuritaire manque de cohésion… Pour moi, cette année, l'Irak va traverser une phase plus que jamais incertaine.