Le siège de l'association Bel Horizon ne désemplit pas de ces adolescents qui arborent des t-shirts orange à l'effigie de l'association. A l'intérieur des bureaux, Kouider Mettaier, président, et Abdeslem Abdelhak, vice-président, règlent les derniers détails de la ‘‘Balade urbaine du 1er mai'' avec les jeunes de Bel Horizon. 9h. La place Port-Saïd commence à se noircir de monde. Les jeunes forment le plus grand nombre. Une dame d'un certain âge remarque : «Je suis la seule vieille au milieu de cette foule !» Croyant d'abord qu'elle parlait au téléphone, puis, ne voyant aucun appareil à son oreille, le monsieur debout près d'elle ose : «Nous sommes au moins deux, chère madame». Ils eurent un sourire d'amabilité et l'homme confie, presque sûr de lui : «Nos congénères vont arriver en masse, ne vous en faites pas.» Ils déambulent chacun de son côté. La place ne finissait pas de s'emplir. Et les jeunes étaient encore plus nombreux. Ils étaient des centaines. Le monsieur avait tort. A peine quelques dizaines dépassaient la quarantaine ! L'animation était au rendez-vous des goûts des jeunes qui s'en donnèrent à cœur joie sur des musiques rythmées. Les cliquetis d'appareils photos et même le léger vrombissement d'un drone se mêlent allègrement aux rires aux éclats d'une jeunesse qui ne demande qu'à vivre ! Librement ! Et à vivre en paix ! Le temps de quelques danses juvéniles, l'espace d'une balade le long de la mer, l'association Bel Horizon a permis à Oran de renouer avec un ensemble de ses repères séculaires : la fraternité, l'hospitalité, l'amour de son prochain, la paix et le bonheur collectif. L'association organisait le premier jeudi de chaque mois une promenade menant jusqu'au plateau Moula Abdelkader El Djilani, mais le nombre de participants augmentait tous les mois et la maîtrise de milliers de personnes en mouvement devenait quasi impossible. Ce qui était au début une randonnée mensuelle jusqu'au mont Murdjadjo s'est transformé donc en une balade urbaine annuelle le 1er mai. Dès sa fondation, en juillet 2002, l'association Bel Horizon s'est attelée à imprimer un régime régulier et pérenne à ses activités. Ainsi, elle a eu l'intelligence de décliner son action dans diverses directions stratégiques qui concourent à la concrétisation de son objectif principal qui est la réhabilitation et la sauvegarde du patrimoine oranais. Aux côtés de la formation des jeunes, des circuits thématiques, des volontariats et d'autres activités menées en propre ou en partenariat avec l'Institut français, la ‘‘Balade urbaine du 1er mai'' constitue un vecteur proposé à tous les citoyens pour se réapproprier l'espace urbain d'Oran en y imposant la vie par le rire, par la fraternité, par la solidarité, par la responsabilité des uns envers les autres, autant de valeurs qui contribuent à construire le civisme et la citoyenneté. 10h. Le front de mer est envahi par une foule compacte sur des centaines de mètres. Les gens progressent d'un pas lent, sans doute une façon judicieuse pour étirer et prendre le temps de savourer ces moments de liesse et de détente. Tout au long du parcours, une belle fanfare venue de l'université de Versailles baigne les promeneurs d'airs subtils et tentants. Le long cortège marque une première halte place de la Punaise pour découvrir Spiderman attaché à la représentation du Spoutnik. Les nombreuses photos et les selfies avec l'artiste étaient là pour approuver les prouesses de l'acrobate. Une autre surprise est constitué par ces vieilles voitures venues en défilé se joindre à la fête. L'accueil réservé à ces automobilistes est sympathique et les jeunes ne ratent pas l'occasion de prendre des photos souvenirs. De temps à autre, des t-shirts orange fusent, qui pour s'enquérir d'une dame, qui marque une halte sur un banc, qui pour demander aux marcheurs de rester sur le large trottoir et de ne pas gêner la circulation. Le cortège s'est ensuite étiré sur la rampe Commandant Farradj, avant de traverser la rue pour s'engouffrer dans la romenade Ibn Badis (Ex-Létang). Un premier spectacle attend les participants dès l'entrée. Fanfare et danseurs acrobatiques sont mis à contribution. Un long moment après, les marcheurs s'ébranlent pour retrouver l'indétrônable Spiderman accroché à un palmier. Après le parcours du kilomètre de jardin, la foule s'arrête sur le vaste espace qui domine l'ex-Maison Bastos pour former une grande halqa et assister à une série de spectacles (danses, chants, sketchs, acrobaties) menés de main de maître par des artistes étrangers et algériens. La ‘‘Balade urbaine du 1er mai'' édition 2017 prend fin comme elle a commencé, de manière progressive. Des petits groupes s'égayent dans les allées du jardin pour pique-niquer sur place, alors que d'autres quittent ce bel espace vert avec une promesse en tête : revenir à la première occasion. Ah cette balade ! Quel bonheur de retrouver les mots gentils, le ton avenant, le sourire permanent. Décidément, ce sont là des repères de notre ville natale! Oui ! C'est Oran ! Nous sommes rassurés ! La relève est assurée. Pas très loin, demain se profile… un bel horizon.