Cela faisait cinq ans que le Real attendait de ceindre à nouveau la couronne nationale, une éternité à l'échelle du géant madrilène. Cette anomalie est réparée et le mérite en revient à Zidane et à ses joueurs, qui brigueront un fabuleux doublé Liga-Ligue des champions le 3 juin en finale de C1 contre la Juventus Turin. Le Real achève la saison avec 93 points, trois de plus que son dauphin Barcelone (90 pts), qui a battu Eibar (4-2) pour les adieux au Camp Nou de l'entraîneur Luis Enrique. Ce dernier n'a plus que la finale de coupe du Roi samedi prochain contre Alaves pour sauver sa fin de mandat. «Zizou» poursuit, lui, sa trajectoire ascendante, celle d'une ancienne star des terrains devenu un entraîneur reconnu, au charisme puissant et aux choix payants. Sa rotation permanente d'effectif, sa capacité à gérer les personnalités du vestiaire et sa constante adaptation tactique ont porté leurs fruits tout au long de la saison. Bref, l'ex-idole de Santiago-Bernabeu (2001-2006) qui a entraîné la réserve (2014-2016) continue de transformer en or tout ce qu'il touche. Les accolades de Zidane Depuis sa nomination à la tête de l'équipe première en janvier 2016, le Marseillais a conquis la Ligue des champions 2016, la Supercoupe d'Europe, le Mondial des clubs et désormais la Liga, un titre que le Real avait érigé en priorité cette saison. Le suspense est resté entier jusqu'à la 38e et dernière journée dimanche, mais la «Maison blanche» a gagné ce bras de fer, fidèle à la force mentale qu'elle a affichée toute la saison. Les Madrilènes, qui pouvaient se contenter d'un nul à Malaga, n'ont mis que deux minutes pour ouvrir le score sur un but de Ronaldo, idéalement lancé dans l'espace par Isco (2'). Le 25e but du quadruple Ballon d'or portugais en Liga cette saison, et son 40e toutes compétitions confondues. Après plusieurs parades décisives du gardien madrilène, Keylor Navas, Benzema, à la limite du hors-jeu, a fait le break à bout portant (56'). Cela fait désormais 64 matches officiels consécutifs que le Real marque au moins un but, et c'est d'excellent augure avant de défier la Juve. Au coup de sifflet final, les joueurs ont exulté sur la pelouse, porté en triomphe un Zidane qui a lui multiplié les accolades avec ses protégés. Grise mine au Barça Au même moment, le Barça faisait grise mine. Le club catalan a remonté en vain deux buts de retard contre Eibar, qui menait 2-0 sur un splendide doublé du Japonais Takashi Inui (8', 61'). Après plusieurs gros ratés, les Catalans ont fini par réduire le score sur un but contre son camp de David Junca (63'). Messi a alors raté un penalty inexistant (70'), Suarez a égalisé (74') et Messi a marqué un second penalty (76'), sur une action qui a valu l'exclusion à Ander Capa. Enfin, le quintuple Ballon d'Or argentin a scellé le score au bout d'une belle percée (90'+2). Des 36' et 37' buts cette saison en Liga pour l'Argentin, synonymes de quatrième titre de meilleur buteur («pichichi») de sa carrière. Mais cela n'a pas suffi au Barça, qui va devoir se reconstruire cet été, entre le vieillissement de ses cadres et l'arrivée d'un nouvel entraîneur. Selon la presse espagnole, l'élu pourrait être Ernesto Valverde, le technicien de l'Athletic Bilbao. L'équipe basque (7e) a fini sa saison par une défaite 3-1 sur le terrain de l'Atletico Madrid, et ne sera qualifiée en Europa League que si le Barça gagne la coupe du Roi. Les deux clubs qualifiés en C3, à ce jour, sont Villarreal (5e) et la Real Sociedad (6e). Quant à l'Atletico Madrid, troisième, il a tourné une page de son histoire en disant adieu au vieux stade Vicente-Calderon dimanche, avant de déménager cet été dans un stade flambant neuf de 70 000 places.