Aujourd'hui, le tribunal d'El Khroub reprendra l'audition des prévenus incarcérés à la prison de la même ville, sous les chefs d'inculpation d'attribution de marchés non-conformes à la législation et violation du code des marchés, fraudes fiscales, dilapidation de deniers publics, faux et usage de faux et privilèges injustifiés. La reprise de l'instruction de ce volumineux dossier intervient à la suite de l'arrestation le 10 janvier dernier de l'ex-PDG du Complexe moteurs tracteurs (CMT) de Oued H'mimime et la mise sous contrôle judiciaire de 3 personnes, mais également de la notification de la chambre d'accusation du mois dernier, qui a ordonné l'arrestation de 14 autres personnes qui bénéficiaient jusque-là de la liberté provisoire. Selon des sources proches du dossier, cette reprise de l'instruction est liée au fait que trois personnes manquent à l'appel de la justice (en fuite et dont une se trouverait en Tunisie), mais encore à la pression exercée par le biais de l'affaire de R. Amar, ex-responsable du service de déstockage des pièces de CMT, entré en grève de la faim depuis son incarcération voilà plus de 3 semaines, pour protester contre la décision « arbitraire » de son emprisonnement. Ce dernier dont l'état de santé suscite de sérieuses inquiétudes dans le milieu syndical de CMT, dont il faisait partie, n'a cessé, autant que les syndicalistes depuis les années 2005, d'interpeller l'opinion et la justice sur la gestion désastreuse d'un des fleurons de l'industrie mécanique de l'est du pays. Au vu de la complexité de cette affaire, mais aussi de l'ampleur du préjudice financier causé, à savoir deux marchés portant sur des travaux de confortement des ateliers du complexe, d'un montant de 350 millions de dinars pour le premier et de plus de 15 millions de dinars pour le deuxième, certaines autres sources nous ont indiqué qu'il y a risque de voir la justice opter pour une requalification des griefs retenus en crime économique.