De l'aveu même du ministre des Ressources en eau, dix wilayas de l'est du pays connaissent des difficultés en matière de disponibilité d'eau. «Nous avons mis en place une feuille de route pour au moins atténuer la pénurie d'eau qui touche 16 wilayas à travers le territoire national», a indiqué Hocine Necib, lors de son déplacement, dimanche dernier, à Souk Ahras et Tébessa. Deux wilayas «témoins» du stress hydrique, même si le discours officiel se veut rassurant, ne connaîtront une alimentation en eau régulière qu'une fois le barrage de Oued Melleg réceptionné. D'une capacité de 156 millions m3, ce dernier qui affiche un taux d'avancement des travaux de plus de 95%, sera livré en novembre prochain. Toutes les communes de la partie nord de la wilaya de Tébessa en seront alimentées, ce qui atténuera les retombées de la crise AEP sur un large pan de la population. Idem pour la wilaya de Souk Ahras qui verra la problématique de l'eau s'éloigner grâce à l'apport, en outre, du barrage de Oued Djedra, en phase de réalisation. A rappeler que le taux de remplissage des barrages à l'échelle nationale est estimé actuellement à 86%, selon le ministère de tutelle. Le volume d'eau emmagasiné par les 75 ouvrages composant le parc national des barrages est de 5 milliards de m3 pour une capacité de stockage totale de 6,8 milliards m3. Rien d'alarmant, mais dans certaines régions, la situation n'est pas des plus reluisantes. C'est le cas de la wilaya de Bordj Bou Arréridj où les ressources en eau s'amenuisent jusqu'à susciter l'inquiétude. Lors de la visite du ministre en début du mois, le tableau dressé n'incitait pas à l'optimisme. Le principal barrage de Aïn Zada affiche un remplissage de 35% seulement, soit un manque de 83 millions de m3 sur une capacité globale de 125 millions de m3. Et ce n'est pas tout. Il y a lieu de signaler «le tarissement de 37 forages, la chute de débit pour 67, et la dégradation de la qualité de l'eau au niveau de 9 autres». Conséquence directe, une baisse de production estimée à 51%. Autant de facteurs qui aggravent la crise de l'eau et dont l'incidence sur la population se traduit inéluctablement par un plan de rationnement. Le recours au transfert des eaux du barrage de Tichihaf, dans la wilaya de Béjaïa, vers les 8 communes du nord est l'une des alternatives adoptées par le plan national d'action. En attendant, les responsables à l'échelle locale renvoient l'état des lieux «au rabattement des nappes phréatiques, la chute de débit pour l'ensemble des forages et le déficit en pluviométrie». A Constantine, la population n'est pas mieux lotie. La ville subit une forte perturbation de l'AEP, voire la pénurie pour certains quartiers. Les robinets y sont à sec depuis le mois de Ramadhan. Les explications fournies par les responsables du secteur mettent en avant des pannes survenues sur la conduite principale, l'augmentation du nombre d'abonnés ou simplement «la forte demande exprimée en cette période de l'année et au volume important des fuites d'eau enregistré à travers tout le réseau d'alimentation en eau potable». Et de détailler que la ville enregistre plus de 600 fuites d'eau mensuellement, soit une vingtaine par jour. La Société des eaux et d'assainissement de Constantine (SEACO) s'attelle à y remédier depuis 2011. Mais quand on est loin du taux de 10% de déperdition toléré par les normes internationales, la mission s'avère de longue haleine.