La chambre d'accusation près la cour de justice de Khenchela a délivré, la semaine écoulée, un mandat d'arrêt à l'encontre du maire d'El Ouldja, Mohamed Saâdoudi, et l'a renvoyé devant le tribunal criminel près la cour de justice, pour y répondre de ses actes, a-t-on appris d'une source proche du dossier. En effet, selon la décision de la chambre d'accusation, dont El Watan détient une copie, le concerné est accusé d'avoir «falsifié la délibération du conseil de l'APC n°03/2015 du 4 mars 2015», et «de dilapidation des biens de l'Etat». A souligner que l'APC d'El Ouldja, une commune très pauvre de plus de 3 000 habitants, située à l'extrême sud de la wilaya, à plus de 100 km du chef-lieu, et limitrophe de la wilaya de Biskra, vit depuis des années au rythme de perturbations qui pénalisent son bon fonctionnement. Dans cette commune, 7 élus sur les 13 membres que compte l'APC, accusent le maire, Mohamed Saâdoudi, de graves dépassements, dont la dilapidation des biens de la commune, la gestion arbitraire, la violation du code communal et celui des marchés publics. Ils qualifient cette gestion d'«unilatérale». Les frondeurs ont gelé leurs activités au sein de l'APC, et ce, en réaction à ce qu'ils appellent «les abus du maire». Dans des requêtes adressées aux autorités compétentes, les plaignants ont évoqué plusieurs infractions impliquant le maire, notamment dans le détournement de l'argent public, la mauvaise gestion du budget communal, la dissimulation des registres de gestion, afin de cacher les preuves de détention des moyens financiers de la commune, dont une enveloppe budgétaire de près de 5 milliards de centimes. Ce qui est énorme pour une aussi petite commune. Une somme dépensée par le maire dans des conditions opaques, alors que les magasins de la commune ne contiennent pas de marchandises équivalentes à ce montant. Ils ont signalé aussi les dysfonctionnements et la gestion opaque dans l'utilisation du budget de la commune, dont des dépassements dangereux à l'encontre du code des marchés publics, auxquels il faut ajouter des dérives dans l'utilisation de la commande publique locale, notamment concernant le monopole de 5 marchés publics octroyés au profit d'une seule entreprise pour un budget et des prix dépassant très largement les normes en vigueur au niveau national. Des projets d'attribution qu'a refusé de viser le chef de daïra de Chechar car non conformes à la réglementation en vigueur, d'autant plus que d'autres entrepreneurs n'ont pas pu soumissionner pour non-accès aux cahiers des charges. L'autre grief de taille soulevé par les 7 élus à l'encontre du président de l'APC a trait à l'indue domiciliation de 400 personnes à El Ouldja, alors qu'elles n'y résident pas. Ces dernières relèvent de la commune limitrophe de Kheirane, et se sont vu attribuer des certificats de résidence. Un statut qui leur permet d'être inscrites sur les listes électorales et de constituer des électeurs potentiels pour le maire, et en contrepartie de bénéficier de certaines prestations sociales de l'APC.