La municipalité vit au rythme d'une véritable « guerre de tranchées » entre des élus d'obédience FLN, qui accusent le maire RND de graves dépassements. L'APC d'El Ouldja vit depuis des semaines au rythme des perturbations qui pénalisent son bon fonctionnement, et on se dirige même vers le blocage. De quoi s'agit-il dans cette commune très pauvre, de plus de 3000 habitants, située à l'extrême sud de la wilaya, à plus de 100 km de Khenchela, et limitrophe de la wilaya de Biskra? Sept membres FLN sur les 13 élus de l'APC accusent le maire, Mohamed Saâdoudi, de graves dépassements. Ils qualifient sa gestion d'«unilatérale» et réclament une commission d'enquête. Les frondeurs ont gelé leurs activités au sein de l'Assemblée depuis une semaine, et ce, comme première réaction contre ce qu'ils appellent «les abus du maire». Dans une requête adressée au wali de Khenchela, dont nous détenons une copie, les plaignants évoquent plusieurs infractions impliquant le maire, notamment le détournement de l'argent public, la mauvaise gestion du budget communal, la dissimulation des registres de gestion, afin de cacher les preuves de détention de moyens financiers de la commune, dont une enveloppe budgétaire de près de 5 milliards de centimes (ce qui est énorme pour une aussi petite commune), somme qui aurait été dépensée, selon leurs propos, par le maire dans des conditions douteuses, alors que les magasins de la commune ne contiennent pas de marchandises équivalentes à ce montant. Les auteurs de cette plainte indiquent par ailleurs que le budget pour l'aide scolaire de la commune aux élèves les plus démunis a connu une très nette augmentation lors de la rentrée 2014/2015, soit un montant de 270 millions de centimes, dont auraient bénéficié 73 élèves du cycle primaire. La répartition par élève se chiffre à un peu plus de 3700 DA, somme considérée comme irréelle par les élus. A titre de comparaison, lors de la rentrée scolaire 2012/2013, 136 élèves ont eu droit à cette aide, et le coût d'un cartable avec fournitures scolaires était de moitié par rapport à la rentrée de 2014, rentrée où le nombre d'élèves bénéficiaires était 2 fois moins important. Dans la même requête, il est mentionné que le budget alloué aux cantines scolaires a été multiplié par 4, celui des fournitures de bureau et des imprimés pour l'APC a été multiplié par 5, dépassant les 500 millions de centimes, ce qui est énorme pour une aussi petite commune. Ils ont signalé une gestion opaque du budget de la commune, dont des dépassements graves à l'encontre du code des marchés publics, auxquels il faut ajouter des dérives dans l'utilisation de la commande publique locale, notamment concernant l'attribution de 5 marchés au profit d'une seule entreprise pour un budget et des prix dépassant très largement les normes en vigueur au niveau national. Des projets d'attribution que le chef de daïra a refusé de viser, car non conformes à la réglementation en vigueur, d'autant plus que d'autres entrepreneurs n'ont pas pu soumissionner pour non accès aux cahiers des charges. L'autre grief soulevé par les 7 élus à l'encontre du maire a trait à l'indue domiciliation de 120 personnes à El Ouldja, alors qu'elles n'y résident pas, mais relèvent de la commune limitrophe de Kheirane, et qui se sont vus attribuer des certificats de résidence. Un statut qui leur permet d'être inscrits sur les listes électorales et de constituer des électeurs potentiels pour le maire, en contrepartie de certaines prestations sociales de l'APC. Une source au fait du dossier nous a expliqué que la démarche de ces élus contestataires - tous d'obédience FLN, et majoritaires au sein de l'Assemblée-, vise principalement à destituer le président d'APC qui fait partie de la minorité des 6 élus RND. Un maire qui risque de lourdes peines au cas où ces très graves accusations s'avèreraient vraies.