«Vu le mode opératoire des assaillants, leurs traits physiques, ils peuvent probablement venir du Nord Mali ou encore plus près de la frontière» avec le Burkina, a déclaré un officier de l'armée. Lors d'un point de presse, la procureure du Faso, Maiza Séremé, a évoqué des «similitudes dans le mode opératoire» avec l'attaque djihadiste du 15 janvier 2016, lorsqu'un commando a attaqué avec des armes automatiques le café Cappuccino, situé à 300 mètres du restaurant Aziz Istanbul, et plusieurs autres établissements. Cette attaque, revendiquée par Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi), a fait 30 morts, en majorité des étrangers. En revanche, 72 heures après le drame du café-restaurant Aziz Istanbul, l'attaque n'a pas encore été revendiquée. «Le fait que l'attaque ne soit pas encore revendiquée se signifie pas que c'est un acte isolé, il peut être lié à Ansarul Islam ou Aqmi. Ce sont des pistes que les enquêteurs explorent et l'analyse des armements et des munitions retrouvés sur le commando permettra d'affiner les recherches», a indiqué l'officier supérieur. Ansarul Islam est un groupe islamiste actif dans le nord du Burkina Faso, qui a revendiqué plusieurs attaques contre l'armée burkinabè ces derniers mois, dont une qui a fait 12 morts dans les rangs des militaires en décembre 2016. «Toutes les pistes sont envisagées», a confirmé le ministre de la Sécurité, Simon Compaoré. «Le processus d'identification des assaillants n'est pas achevé», a assuré l'officier supérieur, espérant que l'appel à témoin lancé par la procureure du Faso en vue d'identifier des complices ou des facilitateurs éventuels, depuis la planification jusqu'à l'attaque terroriste, permettra d'aller «plus vite». «Lors de la situation que nous avons connue en 2016, il a fallu beaucoup de temps pour qu'on ait tous les éléments et savoir que c'est dans un pneu que quelqu'un a mis les fusils pour les transporter jusqu'à Ouagadougou» pour perpétrer l'attaque du café Cappuccino, a rappelé le ministre de la Sécurité. Et d'ajouter : «Ces enquêtes peuvent prendre beaucoup de temps et il faut collaborer avec d'autres pays.» Pays voisin de Burkina Faso, le Mali a connu, durant ces deux dernières années, une situation inquiétante sur le plan sécuritaire. Le 7 mars 2015, un attentat à la grenade et à l'arme automatique en plein centre de Bamako a fait cinq morts (trois Maliens, un Français et un Belge) au bar-restaurant La Terrasse. Cet attentat, le premier à frapper des Occidentaux à Bamako, a été revendiqué par Al Mourabitoune. Le 7 août de la même année, une attaque contre un hôtel de Sévaré (centre) fait officiellement 13 morts, dont quatre étrangers, deux Ukrainiens, un Népalais et un Sud-Africain, employés par des sous-traitants de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). L'attentat a été revendiqué par un djihadiste proche du prédicateur islamiste radical malien Amadou Koufa,et lié à l'Algérien Mokhtar Belmokhtar. Le 20 novembre 2015, l'hôtel Radisson Blu de Bamako est frappé par un attentat qui fait 20 morts, dont 14 étrangers, en plus des deux assaillants. Le 18 juin dernier, une attaque djihadiste contre le campement Kangaba, un lieu de villégiature proche de Bamako fréquenté par des étrangers, fait cinq morts, trois civils (dont un Portugais et un Chinois) et deux militaires. L'attentat est revendiqué le lendemain par la principale alliance djihadiste du Sahel liée à Al Qaîda.