Après les prises de vues dans le M'zab il y a quelques mois, c'était au tour d'Alger cette semaine. André Ravéreau a consacré sa vie à l'étude de l'architecture algérienne traditionnelle et, âgé aujourd'hui de 98 ans, il poursuit cette passion par laquelle il a apporté une éminente contribution à la connaissance et la compréhension de ce patrimoine. Né en 1919 à Limoges, il a étudié à l'Ecole des Beaux-arts de Paris où il a eu pour maître Auguste Perret, pionnier du béton armé dans l'architecture moderne à qui l'on doit, en Algérie, le Palais du Gouvernement et la Gare maritime d'Alger. En 1949, encore étudiant, Ravérau découvre la vallée du M'zab. Un voyage qui le marquera à jamais. Dix ans plus tard, en 1959, il ouvre à Ghardaïa l'atelier du M'zab qui deviendra un lieu éminent de recherches et de projections. Voué entièrement à celles-ci, André Ravéreau a peu conçu mais le nombre réduit de ses œuvres est largement compensé par leur renommée. C'est le cas par exemple du dispensaire de Mopti, au cœur du Mali, qui lui vaudra en 1980 le prestigieux Prix Agha Khan. Son intérêt pour le bâti de la vallée du M'zab s'étendra à celui de La Casbah d'Alger entre lesquels il établit les liens profonds et développe une vision unique de l'architecture algérienne ancienne, révélant comme jamais sa richesse et son intelligence et suggérant ses prolongements futurs. Cette contribution remarquable amènera le président Bouteflika à l'élever, en 2012, au rang d'Achir de l'Ordre du Mérite national. Ravéreau a été également architecte des monuments historiques en Algérie et chargé de mission de l'Unesco pour la Citadelle de La Casbah d'Alger. Il a contribué de manière importante au classement des villes du M'zab dans le patrimoine mondial de l'humanité. Il est intervenu pour sauver la mosquée de Sidi Okba, près de Biskra, menacée de destruction après de fortes inondations. A ce jour, il poursuit ses recherches dans l'Ardèche où il réside et travaille. Une association, Les Amis d'André Ravéreau, s'attache à promouvoir son œuvre et ses idées. On doit à Ravéreau des ouvrages de référence : Le M'zab, une leçon d'architecture (Actes Sud-Sindbad, réédition 2003) ; La Casbah d'Alger, et le site créa la ville (Idem, réédition 2007). Un livre retrace son parcours, André Ravéreau, du local à l'universel (Linteau, 2007). Autant d'ouvrages qui mériteraient d'être réédités et même traduits en arabe. L'état de santé d'André Ravéreau l'a empêché d'être présent au tournage en Algérie. Mais sa fille, Maya Ravéreau, également architecte, a pu y assister. Selon le réalisateur, Jean Asselmeyer, le film devrait sortir en 2018.