Comment vous est venue l'idée d'investir dans le domaine de la transformation de pierres ? L'idée a commencé à germer il y a quatre années. Après études et consultations, nous avons opté dans un premier temps pour une unité de 1000 m2/j au niveau de la zone de Sidi Ali Benyoub, à 23 km de Sidi Bel Abbès. Nous avons ainsi procédé à la création de la filiale Alpostone et à l'installation des équipements nécessaires au niveau de la carrière de Sidi Ali Benyoub. Puis nous sommes entrés en contact avec l'Enamarbre pour assurer l'approvisionnement de la nouvelle unité en blocs de marbre. Vu que le produit brut n'était pas disponible en quantité suffisantes sur le marché, nous avons commencé par l'importer d'Espagne avant d'aller prospecter vers le Sud. A Tamanrasset, où nous nous sommes lancés d'abord sur la piste du granit, nous avons constaté qu'il existait des variétés de marbre de grande qualité : du marbre blanc translucide, du vert pistache, du marron… A partir de là, le projet Granittam a commencé à se dessiner. Il faut cependant reconnaître que les débuts n'ont pas été faciles. Pouvez-vous être plus explicite ? Dans l'industrie de transformation de la pierre, le début d'exploitation des carrières n'est pas de tout repos. Cela a nécessité d'importants travaux d'excavation, la mobilisation d'engins en tous genres et des d'investissements lourds. A Tamanrasset, nous avons bénéficié de sept titres miniers pour l'exploitation de marbre et de granit. Trois sites de production sont déjà en marche à Silet et à In Guezzam. Ils ont démarré au dernier trimestre 2016 et l'on prévoit d'atteindre, à court terme, une production de 3000 m2, avec possibilité de porter rapidement ce volume à 10 000 m2. L'unité ainsi créée s'étend sur 20 hectares, pour un investissement de l'ordre de 219 milliards de centimes. Les principaux objectifs de Granittam sont la satisfaction des besoins nationaux en granit et marbre, stimuler la production locale sous un label de qualité (Made in Algeria) avec une meilleure offre qualité/prix. Nous comptons, d'ici fin 2017, rendre opérationnelle l'usine de Tit. Investir dans une région lointaine comme Tamanrasset a de quoi générer des coûts d'exploitation importants, notamment pour le transport ? Lorsqu'on nous avons établi le coût de revient de nos investissements, nous avons constaté que celui-ci est pratiquement égal à celui généré par l'importation de marbre. Au fur et à mesure que les travaux d'exploration avançaient et après un long travail de prospection, nous nous sommes rendu compte qu'on pouvait réaliser des économies substantielles en termes de coûts liés au transport. En poussant plus loin notre prospection du marché, nous avons constaté que quelque 300 camions de gros tonnage approvisionnant Tam en divers produits repartaient pratiquement vides vers le Nord. Cela permet non seulement de réduire les coûts de transport des blocs et des produits finis, mais aussi d'assurer des revenus supplémentaires à des transporteurs chevronnés et de les fidéliser. En réalité, la région de Tamanrasset recèle des opportunités d'investissements énormes, notamment dans le secteur de la construction. Je peux même vous affirmer que Tamanrasset ressemble au nord du pays d'il y a 20 ou 30 ans, où pratiquement tout est à construire. L'immobilier, le tourisme, les matériaux de construction sont, entre autres, des segments porteurs et renfermant d'énormes potentialités. Qu'en est-il de la création d'emplois dans la région de Tamanrasset ? Granittam contient deux volets : un volet relatif à l'exploitation des carrières de pierre et un volet industrie. Elle est appelée à générer 700 emplois, dont 500 permanents, dans une première phase. Nous comptons, après l'achèvement de toutes les phases du projet, arriver à créer 2000 emplois. La priorité pour GSH est d'offrir des opportunités de travail à la main-d'œuvre locale. Aujourd'hui, dans l'extrême Sud, le Groupe des sociétés Hasnaoui a pris l'engagement de recourir à la main-d'œuvre locale qualifiée. Et il existe déjà à Tamanrasset des métiers adaptés à la culture de la région. D'ailleurs, nous avons été surpris de l'existence d'un programme de coopération entre le Brésil et le gouvernement algérien pour la formation de formateurs aux métiers de l'artisanat et de la transformation de marbre. Dans la continuité des efforts consentis dans ce cadre, nous avons pris contact avec l'ambassade du Brésil pour appuyer ce programme et développer l'artisanat à base de marbre et de granit. Ainsi, de petits ateliers peuvent être créés, à condition d'encadrer le marché et de l'organiser. Aussi, nous comptons faire appel à l'expertise portugaise, italienne et chinoise pour assurer le transfert de savoir-faire. Car tout réside dans le savoir-faire ayant trait à la transformation de la pierre. Et c'est là un défi que nous comptons relever. Existe-t-il d'autres pistes pour valoriser les carrières de pierre ? Nous sommes en mesure de proposer d'autres produits à base de pierre pour diverses utilisations. Il est ainsi possible de fabriquer des carrés de granit pour le revêtement des trottoirs, des bordures de trottoirs et des pavés, des agrégats et même pour la fabrication de béton. En somme, il est possible d'exploiter les blocs de pierre à 100% et de mettre sur le marché une multitude de produits pour le secteur de la construction. Certes, le défi est grand, mais la volonté est là pour réussir ce projet. Lors de la pose de la première pierre par l'ancien Premier ministre, Sellal, l'accent a été mis sur la nécessité d'accélérer le processus d'exonération de produits finis… Dans le contexte économique que vit l'Algérie, l'exportation hors hydrocarbures est une priorité pour le gouvernement afin de générer de nouvelles ressources en devises. Pour le Groupe des sociétés Hasnaoui, cette démarche permet également de s'auto-suffire en devises pour consolider sa politique de diversification et contribuer au développement du pays. Dans l'état actuel, une entité de l'envergure du GSH, qui n'est pas en mesure de générer des devises à l'international, n'aura pas la possibilité d'élargir des perspectives. Après la réalisation de toutes les phases du projet, nous comptons entamer l'exportation de marbre et de granit à partir de la fin de l'année 2017. Et pour cela, il est nécessaire de respecter toute une démarche technico-commerciale basée sur des prescriptions aux normes internationales.