Si l'Algérie a fait mine de transcender la crise diplomatique avec Bamako, la Mauritanie ne décolère pas contre le Mali. Hier, elle l'a fait savoir en récusant le choix de la capitale malienne pour abriter le prochain sommet des chefs d'Etat sahélo-sahariens sur la sécurité et le développement. La France, par qui la crise entre le Mali et ses voisins est arrivée, veut quant à elle des actions concrètes de lutte contre le terrorisme. Même si, globalement, la conférence ministérielle des pays sahélo-sahariens tenue à Alger, mardi dernier, est considérée par de nombreux observateurs comme étant un « succès » et qualifiée de « réunificatrice », elle n'a cependant pas réussi pas à régler la crise diplomatique qui envenime les relations entre le Mali et ses voisins. En effet, dans un communiqué rendu public hier, le ministère mauritanien des Affaires étrangères a émis des réserves sur deux points de la déclaration finale d'Alger. Le point 11 de cette déclaration fait état du rappel de la validité et de la pertinence des conclusions de la conférence ministérielle préparatoire tenue à Bamako en novembre 2008 et de la confirmation du format de ce cadre de consultation et de coopération régionale. Or, lit-on dans le communiqué, « la Mauritanie n'a pas participé » à cette réunion et « par conséquent elle ne l'engage pas ». Pour ce qui est du point 16, il porte sur « la tenue dans les meilleurs délais, à Bamako, de la conférence des chefs d'Etat sur la sécurité et le développement ». Sur les raisons des réserves émises par Nouakchott, il est précisé : « Consciente de l'importance de la coordination sous-régionale visant à lever les défis de sécurité et de développement dans la zone du Sahel et du Sahara, la Mauritanie a participé à Alger à une réunion ministérielle à laquelle ont pris part l'Algérie, le Burkina Faso, la Jamahiriya arabe libyenne, le Mali, le Niger et le Tchad. » Selon des sources diplomatiques, l'Algérie n'a pas réussi à convaincre la chef de la diplomatie mauritanienne, Mme Naha Mint Hamdi Ould Mouknass, « d'éviter que les crises dans les relations bilatérales ne compromettent la sécurité régionale ». La représentante de la diplomatie mauritanienne était intransigeante sur la question. Elle était d'accord sur le principe général de la tenue d'un sommet des chefs d'Etat, mais pas à Bamako. « La Mauritanie et l'Algérie ont les mêmes positions sur la question du terrorisme », précisent nos sources. Pour sa part, le Mali, qui est le premier à avoir accepté de participer à la réunion « en dépit des critiques des médias de son pays », tenait lui aussi à ce sommet auquel le président Amadou Toumani Touré (ATT) a appelé. « Le Mali est venu parce qu'il veut à tout prix que ce sommet ait lieu et dans les meilleurs délais. C'est ce qui a été retenu d'ailleurs dans la déclaration finale », révèlent nos sources, soulignant toutefois que « le plus important pour les sept pays ayant pris part aux travaux d'Alger est d'organiser en urgence une rencontre entre les chefs des armées et ceux de la lutte contre le terrorisme et, par la suite, réunir les chefs d'Etat ». En fait, la crise qui envenime les relations mauritano-maliennes s'est aggravée après l'élargissement – sous la pression de Paris – par Bamako, en février dernier, de quatre terroristes, dont trois réclamés par Nouakchott et Alger. La veille de la tenue de la réunion d'Alger, le ministre malien des Affaires étrangères dépêché à Nouakchott a dû attendre des heures avant d'être reçu par le président mauritanien. Le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero, a exprimé, jeudi dernier, son « souhait que les échéances annoncées – réunion des ministres de l'Intérieur et rencontre des chefs d'état-major en avril et perspective d'un sommet des chefs d'Etat à Bamako – puissent consacrer un renforcement sur le terrain des efforts de coordination régionale en matière de lutte contre le terrorisme au Sahel ».