Cette remise en cause de la Mauritanie intervient sur fond de brouille diplomatique avec le Mali. Etait-il prévisible que la Mauritanie refuse de signer les Accords d'Alger ayant sanctionné la rencontre qui s'est tenue à Alger entre les ministres des Affaires étrangères de sept Etats du Sahel sur la paix, mardi denier? «Affirmatif» disent des stratèges bien avertis. En effet, la Mauritanie a désapprouvé le choix de la capitale malienne pour abriter le prochain sommet sécuritaire sahélo-saharien décidé par les ministres des Affaires étrangères de sept pays de la région, selon un communiqué officiel du ministère mauritanien des Affaires étrangères. «Si la Mauritanie est d'accord sur le principe de la tenue de ce sommet, elle juge par contre qu'il était prématuré d'en fixer le lieu à Bamako», affirme le ministère mauritanien des Affaires étrangères. Pour cela «Nouakchott n'a pas signé le communiqué» publié par les chefs de la diplomatie de sept pays de la région, qui s'étaient réunis le 16 mars à Alger. La Mauritanie remet en cause encore les résultats de la réunion ministérielle du 8 novembre 2008 ayant eu lieu à Bamako. De ce fait, elle ne veut nullement participer à la prochaine rencontre prévue également à Bamako. Par cette prise de position, le gouvernement mauritanien vient de mettre au-devant de la scène, la crise politique et diplomatique qui l'oppose au Mali, négligeant par ce fait l'intérêt du tout-sécuritaire dans la bande du Sahel. Il va sans dire que le Mali, en se soumettant aux exigences d'Al Qaîda et à la pression exercée par Paris pour la libération de l'otage français contre quatre terroristes dont deux Algériens, a créé une haute tension dans ses relations bilatérales avec la Mauritanie mais aussi avec l'Algérie. De ce fait, la Mauritanie ne participera pas à la prochaine rencontre dans le cas où le lieu du rendez-vous serait maintenu en terre malienne. Et les mécanismes devant être dégagés dans le cadre de la lutte antiterroriste et le crime organisé lié aux trafics de drogue et d'armes n'aboutiront certainement pas aux résultats souhaités. Tout l'intérêt de cette rencontre est de contrecarrer l'activité subversive dans la région dont la position géographique est éminemment stratégique menaçant tout le Maghreb. La mémoire courte, a priori, la Mauritanie a omis le fait que Al Qaîda au Maghreb est de plus en plus présente sur son territoire. Il est certain qu'Al Qaîda va tirer profit des failles qui ne tarderont pas à se manifester. Cela dit, le front terroriste au Sahel entend tracer des objectifs communs au nom des pays participant à la rencontre d'Alger pour engager les moyens matériels, humains et logistiques contre Al Qaîda. D'ailleurs les pays ayant pris part à cette rencontre, ont unanimement condamné le chantage et les concessions souvent de coulisses, appelant au respect des résolutions du Conseil de sécurité criminalisant le versement de rançon aux terroristes. Par sa position, le Mali qui n'a pas fait preuve de fermeté, a engendré de graves perturbations politiques, ayant contraint la Mauritanie et l'Algérie à rappeler leurs ambassadeurs respectifs à Bamako.