Elle accuse l'Iran d'être derrière des transferts d'armes et un tir de missile des rebelles houthis sur Ryadh, qui «pourrait équivaloir à un acte de guerre». Cette déclaration intervient après l'interception et la destruction d'un missile balistique samedi au nord-est de Ryadh, près de l'aéroport international, qui provenait du Yémen en guerre. «La direction des forces de la coalition considère» cette opération «comme une agression militaire flagrante par le régime iranien qui pourrait équivaloir à un acte de guerre », est-il indiqué dans la déclaration. La coalition a affirmé «le droit» du royaume wahhabite «à la défense légitime de son territoire et de sa population, conformément à l'article 51 de la Charte des Nations unies». Elle a aussi relevé «le droit du royaume saoudien de répondre à l'Iran au moment approprié et de manière appropriée». La guerre au Yémen oppose les forces gouvernementales, qui ont été chassées en septembre 2014 de la capitale Sanaa, aux rebelles houthis, issus de la minorité zaïdite, une branche du chiisme, très présente dans le nord et soutenus par l'Iran. En mars 2015, le gouvernement yéménite du président Abd Rabbo Mansour Hadi a reçu le soutien d'une coalition militaire de pays musulmans et emmenée par l'Arabie saoudite. Selon l'Organisation mondiale de la santé, le conflit au Yémen a fait plus de 8650 morts dont de nombreux civils. Les rebelles houthis et leurs alliés, des unités militaires restées fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, ont tiré à plusieurs reprises depuis le Yémen des missiles vers l'Arabie saoudite qui les a interceptés dans leur majorité. La déclaration de Ryad annonce aussi qu'afin de «combler des lacunes» dans le contexte de la poursuite de transferts de «missiles et d'équipements militaires vers les miliciens houthis loyaux à l'Iran au Yémen», la coalition «a décidé de fermer temporairement» tous les points d'entrée aérien, maritime et terrestre, tout en maintenant les possibilités d'accès du personnel humanitaire au Yémen selon des procédures d'inspection qui vont être actualisées. «Toutes les mesures légales seront prises contre tous ceux qui violent ces procédures», a prévenu la coalition en enjoignant aux civils et aux missions humanitaires de se tenir à l'écart des zones de combat et des points de rassemblement des Houthis, qui ont prêté «allégeance à l'Iran» et qui «lancent des opérations hostiles » contre le royaume saoudien. La coalition considère «l'implication du régime iranien» dans la fourniture de roquettes et de missiles aux rebelles yéménites houthis comme «une violation flagrante de résolutions du Conseil de sécurité» de l'Organisation des nations unies (ONU), en particulier la résolution 2216, et cela peut être considéré comme «une agression directe alliés». Alliés de l'Arabie saoudite, les Etats-Unis, , se sont inquiétés à plusieurs reprises depuis 2015 des transferts d'armes clandestins vers le Yémen. Un peu plus tard dans la journée le chef de la diplomatie saoudienne, Adel Al-Jubeir, a averti l'Iran dans des tweets que son pays ne tolérerait aucune atteinte à sa sécurité nationale. «Les ingérences iraniennes dans la région nuisent à la sécurité des pays voisins et affectent la sécurité et la paix dans le monde», a-t-il déclaré. «Nous ne tolèrerons aucune atteinte à notre sécurité nationale». Et d'ajouter : «Le royaume se réserve le droit de riposter de manière appropriée et au moment opportun aux agissements agressifs du régime iranien». Il a observé que « chaque jour, il devient de plus en plus clair que la milice des Houthis est un outil terroriste pour détruire le Yémen», a-t-il dit, indiquant que «nous réaffirmons qu'il n'y aura aucune tolérance vis-à-vis du terrorisme et de ceux qui le parrainent». De son côté, l'Iran a rejeté ce même jour les accusations de l'Arabie saoudite. Dans un communiqué, le porte-parole de la diplomatie à Téhéran, Bahram Ghassemi, a qualifié les accusations de la coalition arabe dirigée par l'Arabie saoudite d' «injustes, d'irresponsables, de destructrices et de provocatrices». Et à son avis le tir de missile de samedi constitue une réaction des Houthis «aux crimes de guerre et à plusieurs années d'agression des Saoudiens». Il s'agit d' «une action indépendante en réaction à cette agression», et Téhéran n'a rien à voir avec cette opération. Le porte-parole a appelé Ryadh à abandonner ses «accusations creuses et à cesser au plus vite les attaques contre le peuple sans défense et innocent du Yémen et à ouvrir la voie à un dialogue inter-yéménite afin de ramener la paix dans ce pays».
Fronts multiples La chute du dictateur irakien Saddam Hussein en 2003 suite à l'invasion américaine a permis à l'Iran d'émerger comme puissance régionale. D'où l'inquiétude des monarchies du Golfe notamment l'Arabie saoudite. Durant les révoltes arabes de 2011, Ryadh écrase le mouvement contestataire à Bahreïn pour éviter que ce souffle n'atteigne le Golfe. Ce qui a provoqué l'ire de l'Iran. Entre temps, le royaume wahhabite exige le départ du président syrien Bechar Al-Assad du pouvoir et soutient le président égyptien Hosni Moubarak jusqu'au bout. En parallèle, l'Iran appuie le régime de Damas. Au Liban, l'influence de la République islamique est traduite par le rôle militaire et politique joué par le parti Hezbollah sur l'échiquier politique du pays du Cèdre. En face les partisans des Hariri sont protégés par Ryadh. Le 2 janvier 2016, l'Arabie saoudite exécute 47 personnes condamnées pour «terrorisme », dont le dignitaire chiite Nimr Al-Nimr, figure de la contestation contre le régime saoudien. Cette mise à mort suscite de violentes manifestations en Iran. Le lendemain, Ryadh rompt ses relations diplomatiques avec Téhéran après l'attaque de son ambassade en Iran. Lors de la visite du président américain Donald Trump les 20 et 21 mai dernier en Arabie saoudite, Washington et Ryadh annoncent des contrats excédant 380 milliards de dollars, dont 110 consacrés aux ventes d'armements américains au royaume wahhabite visant à contrer les «menaces iraniennes» et combattre les islamistes radicaux. Le 5 juin 2017, l'Arabie saoudite et plusieurs de ses alliés rompent leurs relations diplomatiques avec le Qatar, l'accusant de soutenir des groupes «terroristes» et lui reprochant ses liens avec l'Iran, accusations rejetées par Doha.