Le peu de produits agrumicoles (mandarines et oranges) disponibles sur les étals sont de très bonne qualité, mais ils ne sont guère accessibles à tout le monde. Contrairement aux années précédentes, la culture des agrumes dans la wilaya de Blida a connu de très grandes perturbations durant cette saison. Des chutes de production ont été constatées, ce qui a considérablement influé sur les prix de cette variété de fruits. Ainsi, une hausse des prix atteignant même les 100% a été enregistrée tout au long de l'hiver 2010 (période de disponibilité des agrumes). Il est vrai que le peu de produits agrumicoles (mandarines et oranges) disponibles sur les étals sont de très bonne qualité, mais ils ne sont point accessibles à tout le monde. Le kilo de la Washington Navel ou de Thomson (orange) a ainsi franchi le seuil des 160 DA chez les détaillants, alors qu'il ne dépassait guère les 80 DA l'année passée. Une hausse qui n'a pas laissé indifférents les Blidéens. Avec de « l'humour noir », chacun se plaint à sa manière de cette flambée des prix. « L'orange, cette année, se fait désirer. Pour une fois que le calibre est appréciable et la qualité très attrayante, l'orange est devenue un luxe que seules les personnes aisées peuvent se permettre », nous dira un chef de famille rencontré au marché des fruits et légumes de la ville des Roses. L'indisponibilité et la cherté des oranges, cette année, laissent place à toutes sortes de spéculations et de rumeurs. Certains vont même jusqu'à affirmer que les chambres froides qui servaient à stocker la pomme de terre déborderaient cette année de ce fruit, pour mieux jongler avec les prix. Selon des intervenants dans ce domaine, la situation est en effet critique. D'après les rapports officiels de la direction des services agricoles de la wilaya de Blida, cette crise n'est guère due au déficit de terrains agricoles. Selon les responsables de cette direction, la culture des agrumes accapare plus de la moitié de la superficie réservée à l'arboriculture fruitière, avec une superficie de 16 970 ha, dont 14 520 ha en production. Sur cette superficie globale, les oranges détiennent le monopole avec 69% de la totalité de ces terrains. Mauvaises conditions climatiques Aussi, selon les mêmes responsables, le problème crucial qui se pose pour cette saison, réside dans les mauvaises conditions climatiques qui ont caractérisé les mois d'avril et mai de l'année passée. « Ces mauvaises conditions climatiques ont induit des coulures et des chutes précoces de fleurs prématurées, engendrant une baisse considérable de la production. Le rendement a chuté de moitié », reconnaîtra Guenis Messaoud, directeur des services agricoles de la wilaya de Blida. Il ajoutera que, cette année, le rendement qui n'a pas dépassé la moyenne de 150 q/ha a chuté de moitié, comparé à l'année passée. Cela n'atteint guère le rendement moyen établi dans le contrat de performance qui tablait sur 184 q/ha. Cette crise qui a touché sérieusement cette filière n'est pas due seulement aux mauvaises conditions climatiques, puisque d'autres facteurs viennent s'y ajouter pour donner à la situation encore plus d'ampleur. Selon les responsables du secteur, les facteurs qui influent encore plus sur la filière et sur les prix sont, essentiellement, la vente sur pied à des intermédiaires qui sont plus commerçants qu'agriculteurs, le non-respect de l'itinéraire technique du verger, et, bien sûr, les pratiques spéculatives au niveau des marchés de fruits, d'où le décalage flagrant entre le prix à la production et celui à la consommation. S'ajoute à tout cela, la vieillesse des vergers. « Cette crise ne devrait point se répéter l'année prochaine, vu les conditions climatiques qui s'annoncent prometteuses. Nous avons aussi prévu la plantation de 4000 ha en remplacement des vieux vergers, ainsi que la poursuite des soutiens financiers pour l'acquisition des plants et engrais, la généralisation des systèmes économiseurs d'eau, sans oublier les différentes actions de vulgarisation en faveur des agrumiculteurs », conclura notre interlocuteur.