Sur les 300 prélèvements effectués dans les différents centres hospitaliers et analysés par le laboratoire national de référence de la grippe à l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA) depuis le 16 octobre 2017, il y a 73 cas A (H1N1) qui ont été détectés, dont 23 cas compliqués. Une souche comprise dans le vaccin de cette année est prédominante en Europe, notamment en France. Selon un communiqué du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière rendu public hier, depuis le début de l'actuelle saison grippale, il a été enregistré 23 cas de grippe saisonnière de forme compliquée, dont 9 décès. «Sur la base des informations du réseau de surveillance de la grippe saisonnière il est à déplorer à ce jour, 9 janvier 2018, le décès de 9 personnes des suites de complications de la grippe saisonnière. Les 9 personnes décédées étaient soit des femmes enceintes, soit majoritairement des personnes souffrant d'une maladie chronique et aucune n'avait été vaccinée contre la grippe saisonnière», souligne le communiqué, tout en rappelant que le moyen le plus efficace de se protéger de la grippe saisonnière et de ses complications est la vaccination qui est fortement recommandée pour les femmes enceintes, les personnes âgées de plus de 65 ans et les personnes souffrant d'une maladie chronique, quel que soit leur âge. «Cette vaccination est d'autant plus importante que le pic saisonnier de la grippe n'est pas encore atteint. Le vaccin contre la grippe est disponible dans les structures sanitaires de proximité et en pharmacie, où il est remboursé par la Sécurité sociale», ajoute la même source. Cette catégorie de personnes, signale le Pr Salim Nafti, spécialiste en pneumologie à l'hôpital Mustapha Bacha, est très vulnérable. C'est pourquoi la vaccination est recommandée. Il estime qu'elle doit être élargie à d'autres franges de la population afin d'éviter la contamination. Le Pr Nafti explique que lorsqu'on est porteur d'une maladie chronique, on est inévitablement diminué et la grippe est l'un des facteurs de déstabilisation des malades chroniques. «Dès qu'un malade chronique est atteint de grippe, on assiste à une décompensation. La grippe vient donc provoquer une véritable déstabilisation de la maladie. Un malade cardiaque avec une grippe souffrira d'une insuffisance cardiaque, un diabétique verra sa glycémie monter qui peut entraîner une hospitalision, voire un coma, l'hypertendu risque également des complications, comme l'AVC, un œdème aigu du poumon ou un infarctus du myocarde. Il en est de même pour les personnes souffrant de maladies respiratoires, en l'occurrence la BPCO chez qui le taux d'oxygène est limité. C'est aussi le cas des asthmatiques qui risquent des crises sévères, et une hospitalisation en soins intensifs et voire parfois qui peuvent entraîner la mort», a-t-il précisé, tout en rappelant que les pneumonies très sévères de la grippe touchent effectivement les sujets jeunes adultes et elles sont souvent virulentes. Il recommande ainsi d'élargir le champ de vaccination pour couvrir un maximum de personnes, notamment les enfants en bas âge, les femmes enceintes, les personnes âgées, les malades chroniques. «Ce qui permettra de réduire les contaminations et les dépenses supplémentaires pour les caisses de la Sécurité sociale. De nombreux pays ont opté pour la généralisation de la vaccination, notamment les Etats-Unis. Ce qui a été d'un grand bénéfice», a-t-il ajouté. Outre la vaccination, des mesures de précaution sont également recommandées telles que le lavage des mains, l'utilisation du papier mouchoir jetable qu'il faut jeter dans une poubelle immédiatement ou encore tousser et ou éternuer contre le creux du coude, et non dans votre main, et se laver les mains après avoir toussé, éternué ou s'être mouché. A noter que la campagne de vaccination est toujours en cours et qu'elle s'étalera jusqu'au mois de mars prochain. D'autant que le pic de l'épidémie de la grippe saisonnière est attendu entre la fin du mois de janvier et le début du mois de février et l'immunité n'est acquise (séroconversion) que quinze jours après la vaccination. Rappelons que 82% des quantités du vaccin importés ont été épuisés. L'acquisition de nouvelles commandes supplémentaires de vaccins n'est pas écartée par les experts qui remettront leurs recommandations au ministère de la Santé à l'issue de la réunion du Comité national des experts qui s'est tenue hier au siège du ministère de la Santé.