Le TNA envisage d'organiser une rencontre sur le scénographe algérien Abdelkader Farrah qui a sillonné le monde de la Corée du Sud au Mexique, en passant par l'Autriche et la Grande-Bretagne, mais il demeure peu connu dans son pays, treize ans après sa mort. Qu'avez-vous prévu pour cette rencontre ? Nous allons effectivement organiser une rencontre sur le scénographe algérien de stature mondiale Abdelkader Farrah. Avant sa mort (en 2005), il a demandé à ce que sa bibliothèque privée, qui était au niveau de la Royal Shakespeare Company à Londres, soit confiée au TNA. Tous ses documents, livres et archives nous ont été transmis. Nous préparons une exposition pour que le public puisse voir cette richesse. Le vernissage de l'exposition aura lieu le 13 mars 2018 à l'espace M'hamed Benguettaf au TNA (2e étage). Et, le 14 mars, à partir de 10h, au niveau du même espace, seront présentées des conférences sur l'itinéraire professionnel de Abdelkader Farrah, coordonnées par Ziani Chérif Ayad. Après, tous les documents seront transférés à la bibliothèque du TNA qui est au niveau de La Casbah d'Alger, à la rue Hadj Omar, à côté de la Mosquée Ketchaoua. Cette bibliothèque sera ouverte à tous les chercheurs, étudiants ou lecteurs qui s'intéressent au théâtre algérien. Chaque pièce produite aura son propre dossier. Il y aura aussi des DVD et des photos de ces pièces. Nous avons également réorganisé l'atelier des costumes. Des producteurs de films ou de feuilletons viennent parfois louer des costumes chez nous. C'est une nouvelle source de financement pour le TNA. Vous venez également de lancer le Prix international Mustapha Kateb. Qu'en est-il ? Ce prix annuel est ouvert à tous les critiques, les chercheurs et les académiciens algériens ou étrangers qui font des études ou des recherches sur le théâtre algérien à partir de 1990, et ce, jusqu'à nos jours. Nous avons retenu cette période parce que les documents existent, contrairement à l'avant 1990. Les études peuvent être faites en arabe et en tamazight. Nous sommes ouverts aux autres langues aussi. Le but du prix Mustapha Kateb est de se concentrer sur la critique théâtrale en Algérie. Nous voulons faire émerger des critiques. Nous avons constaté que certains universitaires ne suivent pas les pièces de théâtre. Nous voulons encourager les chercheurs à étudier les transformations de la dramaturgie algérienne au niveau des textes, des performances, des expériences et des orientations théâtrales en assistant aux spectacles. Il est nécessaire d'aller vers les origines du théâtre algérien afin de mettre en exergue ses spécificités artistiques et esthétiques ainsi que ses qualités humaines. Il est important aussi de mettre en évidence le rôle du théâtre algérien dans la culture arabe et universelle et de renforcer la participation du TNA dans le travail de documentation et de théorisation autour du théâtre en Algérie. Un théâtre qui ne peut pas évoluer sans la critique. Avez-vous précisé la période pour la participation à ce concours ? Les études doivent être remises avant le 31 juillet 2018. L'annonce des lauréats aura lieu durant le Festival national du théâtre professionnel d'Alger (qui aura lieu vers la fin de l'année). Il y aura trois prix : le premier est doté de 500 000 DA, le deuxième de 300 000 DA et le troisième de 200 000 DA. Nous devons choisir un jury dont les membres sont crédibles et dont l'expérience et les qualifications sont reconnues dans le domaine. Il y a un comité qui chapeaute le prix et qui est composé de Hamid Allaoui, Saïd Benzerga, Boubakeur Sekini et Mohamed Choumani. Le bulletin de participation au concours sera téléchargeable sur le site:www.tna.dz. Le nom de Mustapha Kateb s'est imposé à nous parce qu'il s'agit d'un homme de théâtre qui a beaucoup donné à l'Algérie et à l'art. Il était responsable de la troupe du FLN (durant la guerre de Libération nationale). Il a contribué grandement au lancement du Théâtre national algérien (il a été son premier directeur) après l'indépendance du pays et à l'ouverture de l'Institut de formation en arts dramatiques. Il a mis en scène plusieurs pièces et joué dans de nombreux films. Fin mars, le TNA organise les Journées du théâtre du Sud. Parlez-nous de cet événement… Nous sommes déjà à la 8e édition de ces journées. Elles sont prévues du 25 au 29 mars 2018 et vont coïncider avec la Journée mondiale du théâtre (célébrée le 27 mars de chaque année depuis 1962). Le Soudan sera l'invité d'honneur de cette manifestation. Nous avons prévu un atelier de formation sur l'actorat pour une douzaine de comédiens des wilayas du Sud du pays, qui sera encadré par Fadhel Al Soudani, un universitaire irakien établi au Danemark. La formation durera dix jours et sera couronnée par un spectacle qui sera présenté lors de la clôture des journées. Il est prévu la présentation de huit pièces aussi. Dans votre programme, il y a aussi le lancement d'une revue sur le théâtre… C'est vrai. C'est la revue du théâtre algérien. Nous allons bientôt annoncer les détails sur ce projet. Il s'agit d'une revue périodique qui paraîtra tous les trois mois en arabe et en français et qui abordera tout ce qui a trait à l'activité théâtrale en Algérie. Nous sommes en train d'étudier l'appellation qu'on donnera à cette nouvelle publication qui sera animée par des critiques et des journalistes. Nous travaillons actuellement aussi pour lancer un portail web sur le théâtre algérien aussi. On y trouvera tout sur les activités du TNA et des théâtres régionaux. Il est probable que nous lancerons ce portail le 27 mars 2018. Qu'en est-il du programme artistique du TNA ? Nous avons deux pièces en chantier. Il y a d'abord Al Mouhakama (Le Jugement) de Djamel Guermi d'après un texte de Nabil Rezag qui verra la participation de comédiens de la catégorie des personnes ayant des besoins spécifiques (handicapés). Et, il y a ensuite, une nouvelle version de Slimane El Louk (de Mahieddine Bachtarzi) qui sera mise en scène par Karim Beriber avec les comédiens du TNA. La générale de Slimane El Louk est prévue en avril prochain. Nous produisons de deux à trois pièces par an, dont une pour enfants. Nous avons au TNA un comité de lecture qui choisit les textes à monter sur scène. Du 15 au 20 mars 2018, le TNA animera une semaine de théâtre à Mostaganem avec la présentation de pièces, un atelier de formation sur l'actorat et une exposition. Nous travaillons aussi sur un projet relatif au théâtre pour jeunes. Probablement que nous allons consacrer le mardi de chaque semaine pour ce genre de théâtre. Un genre qui souffre du manque de production. Pour faire l'état des lieux, nous allons organiser des Journées du théâtre pour jeunes. C'est l'occasion pour mieux faire connaître les troupes qui s'intéressent à ce théâtre qui n'est pas celui des adultes ni celui des enfants. Par ailleurs, nous réfléchissons à relancer le théâtre de rue. Des spectacles seront programmés l'été prochain. Actuellement, nous présentons au TNA, les mercredi et jeudi de chaque semaine, une pièce pour adultes et les vendredi et samedi une pièce pour enfants. Le premier lundi de chaque mois, nous présentons un programme de musique populaire algérienne. Ce programme est régulier et est présenté à longueur d'année. Notre but est que les spectateurs s'habituent à voir un spectacle de théâtre chaque week-end durant toutes les saisons. Nous voulons instaurer de nouvelles habitudes, surtout que nous avons constaté un retour du public vers les salles. Un système de billetterie est désormais installé. On peut, par exemple, payer 500 DA pour voir une pièce.