L'affectation des budgets et l'inscription des projets de développement ne se font guère selon l'ordre des priorités dans la commune de Boumerdès. Les disparités entre certaines agglomérations de cette municipalité de 42 000 habitants sont édifiantes. Les autorités locales ont dépensé plus de 400 millions de dinars pour la réalisation de la stèle jouxtant la sûreté de wilaya. Alors qu'une vingtaine d'écoles primaires attendent depuis plusieurs années d'être réhabilitées. Cela se passe aussi au moment où le lycée qui jouxte le siège de la wilaya est dans un état catastrophique, avec des risques d'effondrement à la moindre secousse faute de disponibilité de budget pour son confortement. A la cité «Coopérative», des travaux d'aménagement des trottoirs qui étaient en bon état, ont été réalisés pour 16 millions de dinars, pendant que des habitants pataugent dans la gadoue quelques mètres plus loin. Il y a deux mois, le wali a installé le «comité de la ville», dans le but d'associer les compétences et les bonnes volontés pour améliorer l'image du chef-lieu. Néanmoins, ce comité, qui semble se substituer à l'APC, s'est réuni à maintes reprises sans toutefois parvenir à fixer les vraies priorités et à amorcer la dynamique tant attendue en matière de réalisation des projets. La commune compte 206 opérations qui connaissent des retards dans la réalisation et un budget excédentaire de 173 milliards de centimes. Le wali s'est engagé à dégager 70 millions de dinars pour la généralisation de l'éclairage public LED à travers toute la commune afin d'économiser l'énergie et réduire la facture d'électricité. Pourtant, ce n'est guère l'éclairage qui manque dans cette ville universitaire. «Parfois on saccage les lampadaires et les pilones juste pour solliciter les privés à venir les réparer à coups de millions de dinars. C'est du gaspillage ! D'ailleurs, la plupart des projets ont été confiés à une seule et unique entreprise. Puisque on veut moderniser l'éclairage public et le généraliser à travers les communes de la wilaya, on ferait mieux de créer une entreprise publique, comme cela a été fait à Blida», préconise Mouloud, un ancien syndicaliste à l'IAP. Pour lui, l'urgence est à la dotation des nouvelles cités résidentielles du Sahel et du Figuier en équipements publics, tels que les écoles primaires et les aires de jeu. «Nos responsables ne pensent qu'au centre-ville. Ils oublient que Boumerdès compte une dizaine d'agglomérations dont les plus importantes sont Figuier, Aliliguia, Boukerroucha, Foes, etc. Le wali a réservé 55 millions de dinars pour la réalisation d'un boulodrome et un stade en gazon synthétique dans deux endroits du chef-lieu, alors qu'il y a déjà trois stades là-bas. Pourquoi ne pas les faire à Figuier ou à Boukaroucha ?» suggère-t-il, soulignant que même les espaces verts ont été réalisés dans des endroits peu fréquentés. Un autre habitant, lui, se désole du fait que la commune ne soit pas dotée d'infrastructures culturelles et de loisirs. «Les gens n'ont plus où aller pour se distraire. Qu'est ce qu'on attend pour construire un musée, une salle de spectacles, une bonne maison de la culture au centre-ville. On ne pense qu'aux petites opérations pour voler de l'argent. Nos responsables n'accordent aucune importance à la culture. La preuve, ils viennent d'ouvrir une unité d'urgences médicales au cœur de la ville, dans une infrastructure qui devait servir comme salle de spectacles ou maison d'expositions.»