L'opération d'identification des 257 victimes du crash d'avion de mercredi se poursuit à l'hôpital militaire de Aïn Naâdja. Certaines victimes étaient déjà transportées vers leurs régions pour être enterrées. 13h20. Hôpital central de l'armée de Aïn Naâdja. Il y a du monde, des familles, des proches des victimes du crash de l'avion militaire, qui s'est écrasé la veille à Boufarik. Entourée par des militaires, gendarmes pour une bonne organisation de la situation, les familles sont encore sous le choc. L'émotion est forte, indescriptible. L'odeur de la mort est là. C'est un état d'alerte des militaires sur place. En dehors, à l'entrée de l'hôpital, des familles sont dans l'attente. Les gens sont debout ou assis sur les trottoirs, peu importe leur confort. Ils ont vécu le pire cauchemar de leur vie. Des fardeaux de bouteilles d'eau et de jus sont mis à leur disposition. Ils attendent l'arrivée d'une navette pour accéder à l'intérieur de l'hôpital pour identifier leurs proches transférés la veille de Boufarik, lieu de la tragédie. On apprend aussi qu'à Blida, des hôtels sont disponibles gratuitement aux familles des victimes. Des centres d'hébergement sont ouverts par la direction d'action sociale (DAS) de Blida pour accueillir ces familles. A l'entrée de l'hôpital de Aïn Naâdja, un chalet est mis en place spécialement pour les renseignements. Le tri s'impose entre les familles venues pour identification et celles venues pour consultation ou visite de leurs proches hospitalisés. Il faut aussi signaler que les consultations, sauf les urgences, et les visites habituelles des malades été momentanément suspendues. C'est certainement lié au déplacement du général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre la Défense nationale, chef d'état-major de l'ANP, il est venu pour «se recueillir à la mémoire des victimes». Il assiste aussi à la levée de corps et pour réciter la Fatiha à la mémoire des victimes, identifiées. Le général de corps d'armée a également «donné des instructions portant sur la nécessité de prendre en charge les transferts des corps vers leurs régions d'origine et d'accélérer l'opération d'identification des autres corps, qui est en cours par les services spécialisés», souligne aussi le communiqué du ministère de la Défense nationale. «Depuis deux heures déjà, les militaire responsables du bureau d'information nous ont dit que pour le moment, ni visite, ni rendez-vous ne sont programmés, et que nous devons patienter jusqu'au moment où ils nous aviseront», indique un jeune, venu rendre visite à son père, qui s'est fait opérer des yeux, il y a trois jours de cela. Le bus arrive chaque 20 minutes pour prendre une dizaine de personnes à l'intérieur. Il y a de la patience, de la tristesse, mais aussi de la foi. Instruction Regroupées toutes face à ce chalet, les familles montent calmement, un peu pressées mais avec une peur au ventre et angoissées d'être choquées en découvrant l'état de la dépouille de leurs proches. 13h45. Arrivée de la navette : «Les familles des victimes, préparez-vous, le bus arrive», informe en criant un militaire. «Notre rôle, est de transporter les membres des familles des victimes à l'intérieur de l'hôpital et leurs faciliter au maximum l'accès à l'espace d'identification des corps à l'intérieur», indique le chauffeur de bus. «Chaque personne doit impérativement nous présenter sa carte d'identité pour accéder au bus, et pouvoir entrer afin d'identifier le corps de son proche», déclare-t-il . L'un des militaires présents au chalet d'information et d'orientation nous a fourni des indications sur les coulisses de l'opération d'identification, en soulignant que cela dépend du degré de dégradation du corps. Les test ADN s'imposent. «La première étape pour les familles est de voir la dépouille de leur proche, et si l'identification ne peut se faire, alors l'opération par ADN est obligatoire, un prélèvement sanguin est requis, et une fois les résultats communiqués, ils pourront transporter le corps pour l'enterrer», explique-t-il. «Plusieurs victimes identifiées ont déjà été transportées par l'ANP vers les lieux de résidence respectifs pour enterrement», ajoute-t-il. A cet effet, le général de corps d'armée a donné «des instructions portant sur la nécessité de prendre en charge les transferts des victimes vers leurs régions d'origine et d'accélérer l'opération d'identification des autres corps, qui est en cours par les services spécialisés». A l'extérieur de l'hôpital, l'organisation est stricte. Discipline, rigueur sont demandées à toutes les personnes sur place, même pour ceux qui viennent pour décrocher un rendez-vous avec un médecin, ou rendre visite à un malade, eux aussi, sont nombreux ! Psychologue La ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, Ghania Eddalia, a annoncé, hier à Alger, l'ouverture de deux centres relevant du secteur de la Solidarité nationale, à Blida, chargés de la prise en charge des familles des victimes du crash. Son Département a mobilisé tous les moyens nécessaires pour la prise en charge des familles des victimes, qui se sont déplacées pour identifier les corps de leurs proches. «Deux centres relevant du secteur ont été ouverts au niveau de la wilaya pour assurer l'accueil et l'hébergement des familles des victimes», affirme la ministre. Des instructions ont été données à la direction de l'action sociale (DAS), aux cellules de solidarité et à la société civile pour coordonner leurs actions avec la direction du développement social et les services de wilaya en vue d'intensifier et de renforcer l'action de solidarité au profit des familles des victimes, en leur assurant une prise en charge psychologique à même d'atténuer leur douleur, suite à cette pénible épreuve, rassure-t-elle encore. Prière A l'instar des mosquée du pays, la prière de l'Absent sera aussi accomplie aujourd'hui, à l'occasion de la prière hebdomadaire, à la Grande Mosquée de Paris, a annoncé la Grande Mosquée de Paris dans son communiqué rendu public hier. «Nous nous associons au chagrin et au deuil des familles des victimes à qui nous présentons toutes nos condoléances attristées devant cette immense tragédie», a indiqué le recteur Dalil Boubakeur qui a signé le communiqué.