L'équipe de spécialistes de la Police scientifique et technique de la Sûreté nationale dépêchée au Mali poursuit son travail avec ses homologues français, maliens et espagnols pour tenter d'identifier les victimes du crash de l'avion de la compagnie espagnole Swiftair, affrété par Air Algérie, et qui s'est produit la semaine dernière dans le nord du Mali alors qu'il assurait la liaison entre Ouagadougou et Alger. C'est ce qui a été affirmé, jeudi dernier, par le directeur de la Police judiciaire, Abdelkader Bouhadba Kara, lors d'une conférence de presse. «Aucun corps n'a encore été identifié», a souligné M. Bouhadba, précisant que le secteur de la Sûreté nationale a pris «toutes les dispositions et mesures juridiques, techniques et scientifiques nécessaires» et dépêché, le 25 juillet dernier, une équipe pluridisciplinaire composée de 13 spécialistes pour collaborer avec leurs homologues en vue d'identifier les corps des victimes de cet accident dans les plus brefs délais. «Ces spécialistes ont été dépêchés, dans le cadre d'une délégation multisectorielle, sur le lieu de l'accident afin de coordonner les efforts avec les représentants des pays partenaires et amis que sont la France, l'Espagne et le Mali ainsi que des experts de la Minusma», a précisé le directeur de la Police judiciaire. Toutefois, M. Bouhadba Kara a souligné la «complexité de la tâche qui incombe à ces experts chargés d'identifier, dans les plus brefs délais, les victimes du crash», mettant en avant «l'ampleur de la catastrophe, d'autant que les corps sont profondément fragmentés». L'intervenant a fait savoir que le travail d'identification «suppose aussi la collaboration des familles des victimes à travers des prélèvements ADN ainsi que l'exploration des fragments des corps et des objets retrouvés sur le lieu du crash». Le directeur de la Police judiciaire a relevé la «difficulté de cette mission eu égard aux conditions climatiques extrêmes qui caractérisent la région où a eu lieu la catastrophe (températures élevées, humidité et chutes de pluie), ce qui rend difficile l'identification des victimes dont aucun corps intègre n'a été retrouvé». «Une telle tâche requiert plus de 10 heures de travail par jour», a-t-il poursuivi. Le sous-directeur de la Police scientifique, Ali Feragui, a néanmoins estimé que «tous les passagers qui étaient à bord de l'aéronef seront identifiés à l'aide des techniques et de l'expérience des différents experts». A préciser, par ailleurs, que le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a finalisé jeudi dernier avec ses homologues français, Laurent Fabius, et malien, Abdoulaye Diop, un accord tripartite concernant l'analyse des boîtes noires du vol AH 5017 et des débris de l'avion, ainsi que les modalités d'identification des dépouilles humaines. Cet accord «se fonde sur les prérogatives reconnues par le droit international au pays sur le territoire duquel l'accident a eu lieu, la République du Mali, ainsi qu'au pays dont la compagnie aérienne nationale assurait l'exploitation de l'aéronef, l'Algérie, et intègre la responsabilité et les capacités scientifiques et technologiques de la France qui compte le plus grand nombre de ressortissants parmi les victimes de l'accident», précise un communiqué du ministère des AE, cité par l'APS. Il a été convenu en vertu de cet accord que le Mali «a souhaité l'assistance des services français compétents pour procéder à l'analyse des enregistreurs (boîtes noires) de vol et des débris de l'aéronef et à l'identification des restes humains des passagers du vol AH 5017». Tous les échantillons prélevés en collaboration avec les équipes d'experts des différents pays feront l'objet d'analyse «dans des infrastructures médico-légales françaises avec une participation effective et substantielle d'experts de police scientifique algériens et d'autres pays concernés», selon les termes de l'accord. La coopération ad hoc établie par le Mali procèdera à l'identification des restes humains sur la base de ces analyses en coopération étroite avec l'ensemble des parties prenantes. «Les dépouilles des victimes une fois identifiées, chaque pays concerné procèdera au rapatriement des restes mortels de ses ressortissants», selon le communiqué qui précise que toutes les procédures se dérouleront en étroite concertation et coopération entre les autorités et les services compétents des pays concernés et que l'identification et le rapatriement des victimes se feront dans le respect des traditions culturelles et religieuses des parties concernées. Le gouvernement algérien a contribué «activement» à l'élaboration de cet accord tripartite dans le souci d'organiser une coopération «franche et transparente» entre les trois pays qui sont «solidaires» dans cette épreuve et partenaires dans la prise en charge des conséquences de la catastrophe aérienne dans des conditions «assurant la dignité des restes humains et le respect des sentiments légitimes» des familles des victimes ainsi qu'une rigueur scientifique et une efficacité optimales dans la conduite des opérations complexes et sensibles relatives notamment à l'identification des dépouilles. La même source indique en outre que cette catastrophe aérienne «de grande portée internationale a mis en évidence l'impératif d'une gestion coopérative coordonnée mobilisant des capacités, complémentarités et synergies requises dans l'intérêt des familles des victimes et d'une solidarité humaine agissante au bénéfice de tous les pays concernés». L'Algérie, note le ministère des Affaires étrangères, assume «pleinement ses responsabilités à cet égard et ses experts continueront l'action laborieuse et persévérante engagée au Mali, dans ce pays frère, comme en France et en Algérie même». Le Gouvernement qui tient à assurer, de nouveau, les familles des victimes de sa pleine solidarité «ne manquera pas de les informer, ainsi que l'opinion publique nationale, de l'évolution du travail des experts de la police scientifique algérienne en tous lieux jusqu'à ce que la possibilité d'enterrer les leurs à l'endroit de leur choix leur soit donnée pour le repos éternel de l'âme des disparus», conclut le ministère. Et dans le cadre de cet accord, une équipe d'experts algériens et maliens s'est rendue, hier, au bureau d'études et d'analyses relevant de la sûreté de l'aviation civile en France pour participer à l'analyse des données des boîtes noires de l'avion. Il est à préciser enfin qu'une équipe scientifique de l'Institut national de criminalistique et de criminologie (Incc) relevant de la Gendarmerie nationale s'est rendue jeudi à Gossi au Mali, pour participer à l'enquête sur le crash de l'avion. Cette équipe «se chargera de certains volets de l'enquête» et rejoindra l'équipe de la Police scientifique qui se trouve sur les lieux, a précisé un communiqué du ministère des Transports. Rappelons que l'avion de la compagnie espagnole Swiftair affrété par Air Algérie s'est crashé jeudi 24 juillet dans le nord du Mali, avec à son bord 116 passagers -dont six Algériens- qui ont tous péri. H. Y./APS La prière de l'absent pour les victimes du crash au Mali La prière de l'absent en hommage aux victimes du crash de l'avion de la compagnie espagnole Swiftair, qui s'est produit le jeudi 24 juillet avec à son bord 116 personnes dont six algériens, a été effectuée hier à travers toutes les mosquées du pays. En l'absence des corps, et en accord avec les familles, les autorités religieuses ont convenu d'effectuer cette prière pour permettre aux proches de faire leur deuil. H. Y.