Organisé durant deux jours (mardi et mercredi derniers) à Paris, le premier Salon des produits hallal a attiré un grand nombre de professionnels. Paris (France). De notre bureau Venus de plusieurs pays d'Europe et du Maghreb, dont l'Algérie, l'objectif premier des participants était double : d'une part, faire connaître leurs produits et, d'autre part, trouver de nouveaux marchés et de nouveaux distributeurs, en dehors des circuits traditionnels. Des produits alimentaires aux cosmétiques en passant par les circuits touristiques estampillés hallal, toutes les branches d'activité ont eu droit à des stands bien lumineux et bien rangés. D'après Antoine Boniel, un des fondateurs du Salon, le nombre de clients potentiels dans ce type de secteur avoisine les 7 millions de personnes en France. Ce qui représente environ un marché de plus de 4 milliards d'euros chaque année. Et si le marché de la viande hallal a pris une légère avance avec la multiplication de boucheries ouvertes dans toutes les villes d'Europe, force est de constater que de nouveaux produits, jusque-là invisibles, ont fait leur apparition dans le catalogue hallal (gâteaux, chocolats, bonbons, eau gazeuse, limonade…), sans oublier les produits destinés aux enfants. La concurrence est devenue rude avec, notamment, l'entrée en jeu de grandes entreprises françaises de distribution (Carrefour et Casino par exemple) qui ne veulent pas passer à côté d'un marché estimé à près de 150 milliards d'euros dans le monde. Pour Fatima Benbrima de l'agence Shade, spécialisée dans la communication et le marketing, le business du hallal est en train de se démocratiser jusqu'à séduire de grandes marques bien françaises, comme Fleury Michon, Knacki, Charal ou Duc. « Avant, parler du hallal était tabou, aujourd'hui les Français ont pris conscience de ce véritable business », dit-elle. « Ce sont plus de 5 millions de consommateurs potentiels, soit presque 10% de la population. » Elle ajoute : « Avec toute cette histoire d'identité nationale ressassée par les pouvoirs publics depuis des mois, on a eu exactement l'effet inverse. Autrement dit, ce fut un appel d'air aux musulmans qui ont cherché à s'impliquer et à s'identifier en tant que tels, avec tout ce que cela comporte comme réactions et démarches. » Portes ouvertes pour les produits algériens Des groupes algériens présents dans ce salon, à l'image d'Ifri, de Rouiba, de Cevital ou de Selecto, n'ont plus qu'à pousser la porte ouverte et cueillir les fruits d'un marché en pleine expansion. Les produits alimentaires ou autres destinés aux enfants ont pris également une place importante. Un investisseur d'origine algérienne, M. Aït Chaâbane, est distributeur. Son produit phare est une sorte de bière hallal avec cinq saveurs. Baptisée « Moussy », ce produit très répandu au Moyen-0rient a attiré son attention de par son originalité, son goût et il a tout de suite pensé que cette boisson avait sa place sur le marché français. La bière Moussy contient un taux très infime d'alcool environ 0,05%, mais des fetwas prononcées par des imams arabes, en particulier ceux de l'Arabie Saoudite, l'ont déclarée licite et buvable. Du coup, ce liquide magique semble rencontrer un grand succès sur les étals au Moyen-Orient et dans les pays du Golfe. A quelques pas de la bière Moussy, on peut aussi effectuer un voyage de noces hallal. L'idée est simple. Elle consiste à passer la nuit de noces dans des hôtels qui n'offrent que des produits hallal. Sentant le filon d'or, les agences de voyages spécialisées dans ce concept se sont multipliées. Aujourd'hui, on peut passer son voyage de noces dans un Riadh marocain ou un cinq étoiles émirati ou tunisien, tout en respectant les normes de voyage hallal. Selon Philippe Charou, fabricant français installé au Maroc, le marché du hallal dépasse aujourd'hui les frontières de ce pays. « Nous avons commencé à exporter vers la Mauritanie et les Emirats arabes unis. Nous visons aussi des clients européens à cause de l'explosion de la demande dans ce secteur. Nous sommes à présent à la recherche de nouveaux distributeurs dans le vieux continent », affirme-t-il. Selon les spécialistes du secteur, le marché du hallal en France devrait croître chaque année de 15%, ce qui fait dire à Cedomir Nestorovic, professeur de marketing dans une école de commerce de Paris, que le marché hallal dépassera, à terme et de loin, celui du bio.