Un programme de rénovation des fontaines des villages de la région de Bouzeguène a été lancé dernièrement. Ainsi, au village d'Ihitoussène, les travaux sont en cours. A l'exception de la fontaine de la place Taghaza, qui est financée par l'APW, ce sont treize fontaines, classées selon leur importance, qui seront rénovées. Le comité de village compte faire de ces points d'eau «des lieux d'approvisionnement en ce précieux liquide, mais également des endroits de vie, de mémoire du village et même d'attrait de la faune en saison chaude», dit un membre de ce comité. Selon lui, les travaux de rénovation de ces fontaines sont quasiment à la charge des citoyens du village qui «n'arrêtent pas de mettre la main à la poche pour contribuer à l'embellissement de la cité. Les dons des villageois en argent ou en produits nécessaires pour la réalisation de tel ou tel projet proviennent très souvent d'anonymes, à l'instar de ce citoyen qui a financé à lui seul le forage d'un puits qui n'est pas encore achevé, pour quasiment un million de dinars. C'est dire que la solidarité n'est pas un vain mot dans la société kabyle», a-t-il ajouté. Actuellement, tous les regards sont tournés vers la rénovation de la fontaine emblématique «Tala», ainsi dénommée en raison de sa position stratégique et de sa source. On l'appelait parfois «Tala Moh Ouali», en raison du positionnement de son captage, juste en dessous de l'habitation du défunt vieux forgeron. Bâtie en pierres en bas du village depuis plus d'un siècle, son architecture initiale nous renvoie à une époque très ancienne, exhibant ses arcades en pierre de style turc. «Tala» aura désaltéré des générations de villageois et contribué à l'hygiène publique. Son eau coulant à perte alimente sans discontinuer un bassin d'eau qui a servi d'abreuvoir aux animaux domestiques et même à la faune sauvage. Cette fontaine restera un symbole, puisqu'elle a été, longtemps, un lieu de retrouvailles des nouvelles mariées qui, comme l'exigeait la tradition, en guise de leur première sortie, venaient y remplir leur première cruche d'eau, une pratique qui symbolisait la vie et la fertilité, raconte un villageois. Cette fontaine fut un lieu de rencontres, de sociabilité des femmes, d'échanges, mais aussi de scènes publiques où s'entremêlaient les joies et les peines de toute la vie domestique. La fontaine constitue aussi le charme et l'orgueil du village. Longtemps laissée à l'abandon depuis l'arrivée de l'eau courante au robinet, elle suscite, aujourd'hui, un regain d'intérêt. Sa structure ayant durement souffert, a nécessité sa démolition. Sa reconstruction s'attachera au respect des formes que requiert ce type de monument.