Mission accomplie pour Eric Holder. Le ministre américain de la Justice a affiché, hier, sa pleine satisfaction à l'issue de sa visite-éclair à Alger. Et pour cause ! L'officiel américain, dont c'est la première visite en Algérie, est reparti avec dans son attaché-case un précieux traité portant sur l'entraide judiciaire, signé pour la partie algérienne par le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Belaïz. Le procureur général des Etats-Unis a qualifié l'événement de « véritablement historique ». Parcimonieux dans ses déclarations, Eric Holder (ancien vice-ministre de la Justice dans l'Administration Clinton, réputé pour ses positions « progressistes ») n'apprécie pas moins, et à sa juste valeur, l'accord arraché aux autorités d'Alger après une période de brouille (passagère) entre les deux pays suite à l'inclusion de l'Algérie dans la « black list » des pays à haut risque terroriste. Le Traité mutuel d'assistance juridique (MLAT), a indiqué le ministre américain au terme de sa signature, est un « symbole de bonne volonté » entre l'Algérie et les Etats-Unis qui permettra « l'échange efficace des éléments de preuve dont les officiels aux Etats-Unis et en Algérie ont besoin pour enquêter et poursuivre les activités criminelles. Il est vraiment complet dans son champ d'application ; il couvre tous les crimes et un large éventail d'assistance y compris les déclarations des témoins, les preuves matérielles et les documents bancaires et d'affaires ». Le MLAT établit, selon lui, un « cadre global » pour l'obtention de preuves dans les affaires pénales. « La prolifération de la criminalité transfrontalière rend indispensable que nous développions des outils pour la coopération internationale pour traduire en justice ces criminels, y compris les terroristes, qui menacent notre sécurité. Ce traité nous aidera à atteindre notre objectif commun d'assurer que la justice soit faite », dit-il. Le traité signé, le chef du département de la Justice a eu des « tête-à tête » avec les hauts dirigeants du pays. Il a été reçu en début d'après-midi par Noureddine Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, puis par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. « Les deux pays sont confrontés aux mêmes problèmes et doivent pour les résoudre travailler ensemble, notamment en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue et la cybercriminalité », a déclaré M. Holder à l'issue de l'entretien avec le ministre de l'Intérieur. Après la visite du ministre américain de la Justice, la coopération sécuritaire, qui ne s'est jamais démentie entre les deux pays, peut désormais se prévaloir d'une couverture juridique. Ces derniers mois, Alger a accueilli tour à tour de hauts responsables (sécuritaires) américains. Une valse ininterrompue entamée en novembre 2009 avec la visite du général William Ward, commandant en chef de l'Africom. Janet Sanderson, Gina Abercrombie Winstanly, respectivement sous-secrétaire adjoint chargé des Affaires du Proche-Orient au département d'Etat et coordinateur des programmes au bureau américain de la coordination pour la lutte contre le terrorisme, ont eu également à séjourner en Algérie. Le 25 mars dernier, une dizaine de jours après qu'Alger ait abrité la Conférence sur la sécurité au Sahel, le directeur adjoint du Bureau fédéral des investigations (FBI), John S. Pistole, fait escale ; il est reçu par les cadres dirigeants de la police et de la Gendarmerie nationale. La visite du numéro 2 du FBI intervient quelques jours après que Robert Mueller, le directeur de la police fédérale, ait déclaré devant le Sénat que ses services comptaient ouvrir une antenne à Alger pour faire face aux « nouvelles menaces en provenance du Maghreb ».