Allucinante conversation téléphonique ! Un échange téléphonique entre Abdelmalek Sellal, directeur de campagne du candidat Abdelaziz Bouteflika et le président du Forum de chefs d'entreprise, Ali Haddad, a été fuité mercredi soir et révèle une panique à bord de l'équipe du 5e mandat. Mais aussi et surtout un discours menaçant à l'égard des opposants à la candidature du président sortant. Trois jours après cette «fuite organisée» qui a mis en émoi la Toile et scandalisé l'opinion publique n'est pas formellement authentifiée. Cependant, aucun démenti n'a été émis par les deux personnes que l'on entend au bout du fil. Silence radio des deux côtés, alors que les propos divulgués ont eu l'effet d'une bombe politique. Dans l'échange qui dure près de dix minutes, on entend la voix d' Ali Haddad qui exprime un doute à propos des partisans du 5e mandat et qui ne s'engagent pas totalement. «Ils ont un peu peur… nous devons tenir jusqu'au 3 mars», dit-il. «Ils pensent que c'est facile de se retirer», réplique Sellal en parlant de la candidature de Bouteflika. Ce dernier reprend en parlant des ses partisans qu'ils sont en retrait. «Ils ont peur», reprend Heddad. «Non, ils sont un peu en retrait, je leur ai dit nous avons l'Etat et Dieu avec nous», répond Sellal au bout du fil. Il évoque surtout le cas de Amara Benyounès, président du MPA et directeur de la communication du candidat Bouteflika qui semble ne pas trop s'engager. «Je lui ai dit d'y aller doucement, ne inquiète pas, il faut juste éviter de provoquer les gens…», pouvait-on entendre dans l'enregistrement. La conversation prend une allure frappante lorsque Sellal évoque le risque d'affrontements pour son voyage prévu vendredi (hier) pour Aïn Ouessara dans la wilaya de Djelfa. «S'ils tirent, on tire aussi, mes gardes ont des kalachs…». L'étrange échange entre Sellal et Haddad a provoqué une consternation. La première réaction de dénonciation est venue du candidat à la présidentielle Ali Ghediri qui a interpellé les services de l'Etat en les sommant d'agir et de prendre les mesures nécessaires. «L'Etat achète des armes et les donne à une institution qui est l'Armée nationale pour défendre l'Algérie et protéger le peuple et non pas pour les utiliser contre lui.» Affaire à suivre.