Près de 150 producteurs et fabricants de sacs en plastique, venus de trois régions du pays (Centre, Est et Ouest), se sont regroupés, hier à Alger, pour riposter contre la nouvelle réglementation relative à la normalisation de la fabrication des sacs plastique alimentaire. Cette réglementation oblige les producteurs et les importateurs de sacs en plastique à se conformer, à partir du 2 avril prochain, à un nouveau règlement visant à protéger la santé du citoyen, d'une manière générale, et à préserver l'environnement, conformément aux articles 8, 9, 10 et 11 de la loi relative au contrôle, à la gestion et à l'élimination des déchets. D'emblée, les producteurs relèvent un « amalgame » entre les mots sachets et déchets. Pour eux, cette loi ne les concerne pas, qualifiant de ce fait la campagne de sensibilisation, initiée par le ministère de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire de « publicité mensongère ». En fait, hormis la couleur noire qu'ils acceptent d'arrêter à cause de son caractère cancérigène, en demandant comme condition la prolongation du délai pour faire écouler leur stock avant d'adopter une nouvelle couleur, les producteurs rejettent en bloc les autres règlements inscrits dans la loi. Et pour cause ! « Il n'est jamais prouvé scientifiquement que le plastique est toxique », soutiennent-ils unanimement. « Le polystyrène à base duquel sont fabriqués les sachets est une molécule très stable et n'affecte nullement les produits alimentaires transportés », argumente l'un d'eux. Ainsi, pour eux, « le problème de toxicité ne se pose même pas, car celui-ci est réglé à la source dès lors que les matières premières achetées ont une attestation d'alimentarité ». De plus, à leurs yeux, « les sacs en plastique ne sont pas en contact direct avec les aliments ». A rappeler que le ministère de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire a, dans le cadre de cette nouvelle réglementation, précisé que les sacs en plastique destinés au contact alimentaire « doivent être fabriqués à partir de matières premières vierges, non recyclées, non régénérées et non déclassées et accompagnées d'un certificat attestant leur alimentarité ». Comme il interdit aussi tout traitement par ionisation et la présence de substances à base de métaux lourds comme le plomb, le mercure et l'arsenic dans les encres utilisées pour l'impression sur les sacs en plastique. Or selon les producteurs, « il est impossible de fabriquer des sachets sans traitement par ionisation de surface et les métaux lourds ne sont pas inhérents au produit de base ». Ainsi, pour riposter à ce qu'ils qualifient de « hogra manifeste », ils ont décidé de constituer « un comité technique » pour examiner, selon leurs dires, la conformité des sachets noirs par des analyses physicochimiques, et ce, pour apporter un démenti sur les volets technique et scientifique à la tutelle. « Il faut faire un démenti sur la toxicité pour éliminer la capacité de nuisance du ministère de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire », soutient l'un des producteurs. Ce dernier voit plutôt que ce sont les producteurs qui sont visés par cette nouvelle réglementation. « Il y a aiguille sous roche », estime-t-il. Il exprime de ce fait son inquiétude quant au sort qui sera réservé aux milliers de travailleurs qu'emploient les différents fabricants. D'ores et déjà, ils ont convenu d'adhérer à des confédérations patronales pour mener dans la légalité leur combat. Mais dans l'urgence, la sollicitation du président de la République par écrit est maintenue pour lui demander de surseoir à cette réglementation. En attendant, une délégation de ces producteurs a été envoyée hier au ministère de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire pour faire part de leurs préoccupations.