La protestation citoyenne gagne du terrain dans la wilaya de Tiaret, à l'aune du «hirak» initié par le peuple, qui exige le départ du système politique. Emboîtant le pas aux citoyens des communes de Rechaïga et de Hamadia, qui connaissent des turbulences pour diverses raisons, ceux des communes de la daïra de Dahmouni, dont Aïn Bouchekif, en sont venus à manifester, hier, devant les sièges respectifs de ces entités. A Dahmouni, les dizaines de citoyens protestataires, qui ont tenu un rassemblement devant le siège de l'APC, exigent «la dissolution de l'assemblée à majorité FLN que dirige le maire, Chadli Rabah» arguant du fait que «ces18 élus, principalement le maire, font dans la discrimination, voire dans le mépris, la mégalomanie et la suffisance. Le maire, expliquent nos interlocuteurs, ne s'empêche pas de déclarer que ‘‘ce n'est pas le peuple qui l'a élu mais qu'il a été choisi par le wali''». Une déclaration lourde de sens que revendiquent hautement les élus de la dernière cuvée, comme pour corroborer ce que connaît le commun des mortels, à savoir l'hégémonie de l'administration dans la composition de beaucoup d'assemblées élues durant la présente mandature. Une déclaration maladroite, qui a généré une colère sourde. Initiée par un noyau dur du «hirak local», la protestation citoyenne à Dahmouni, une région foncièrement agricole qui dispose de généreuses terres, reste toutefois motivée par «la dégradation du cadre de vie en l'absence d'aménagements urbains et de projets de développement» et aussi par «la marginalisation de la population des zones rurales de la région de Dahmouni», fait savoir notre source. Les protestataires disent vouloir rééditer le coup mercredi prochain. A côté, à Aïn Bouchekif, localité secondaire de cette daïra, là où est implanté un important tissu industriel, notamment l'usine Mercedès et la SNVI, la population est sortie manifester son courroux après qu'un promoteur immobilier s'est vu attribuer une assiette foncière d'au moins 5 hectares sur un lit d'oued. Certaines sources parlent de «sa cession par un privé», alors que les citoyens précisent que ce terrain n'est pas cessible puisque, en plus de son implantation sur le lit d'oued, il appartient aux Domaines. Une inextricable affaire qui vient s'ajouter à la controversée opération de cession de biens de l'Etat qui ne fait qu'exacerber le climat de méfiance, mais aussi de surenchères et fatalement de réprobation qu'affichent les habitants de Tiaret, globalement, pour ce chapitre.