Les habitants de La Casbah, qui ont beaucoup souffert du terrorisme, patissent tout autant de la petite délinquance. Un crime a eu lieu dans la soirée de vendredi dernier à la Basse-Casbah : un jeune a été tué d'un coup de couteau au cœur. « L'altercation s'est produite vendredi à 21h, lorsque la victime est sortie demander aux jeunes qui s'injuriaient sous sa fenêtre de se calmer. L'un d'eux, surexcité, l'aborde au pas de sa porte et lui plante un couteau dans le cœur. Pourtant, les deux personnes se connaissaient et habitaient à Droudj El Kebda, non loin de la mosquée Safir, communément appelée Djamaâ Lihoud. La victime, la trentaine bien entamée, père de trois enfants en bas âge, a été enterrée samedi », raconte un habitant de la rue Porte-Neuve qui soutient que le jeune était « sans histoires, comme d'ailleurs sa victime plus âgée que lui de presque dix ans ». Les crimes ne se comptent plus à La Casbah. L'élément déclencheur de ces situations fâcheuses est essentiellement le tapage nocturne. « Que quelqu'un intervienne pour raisonner les jeunes, réunis au bas de son habitation, et il est aussitôt pris à partie par les bandes », explique notre interlocuteur. Aucun quartier de La Casbah n'est épargné. « Pareilles situations sont signalées à la rue Porte-Neuve, Debbih Chérif ou Ali Amar, ou encore au square Port Saïd. Des jeunes veulent instaurer leur loi sans qu'ils soient aucunement gênés. Ils manient le couteau et s'en prennent aux habitants, mais surtout aux étrangers de passage, souvent sans défense », assure un résidant de la Haute-Casbah qui fait remarquer que de jeunes mineurs forment le « gros » des bandes de délinquants. « Il n'y a pas si longtemps, des bandes s'étaient bagarrées à coups de barres de fer dans les rues adjacentes à la mosquée Ketchaoua. Ces jeunes appellent souvent en renfort leurs copains, assure-t-il. Les habitants qui ont beaucoup souffert du terrorisme pâtissent tout autant de la petite délinquance. » La présence policière ? « Rare », se désolent les habitants qui commencent à s'habituer à cette situation depuis presque 10 ans. « Il existe 5 commissariats qui ceinturent de toutes parts La Casbah, mais on ne remarque que rarement des policiers dans les rues, surtout la nuit. Il y a 6 ans, leur présence était plus forte », s'indigne un habitant de l'ex-rue du Lézard. « Un nouveau poste de police a été implanté à la Rampe Valée (actuelle Louni Arezki), mais rien ne va changer, les policiers préfèrent rester cloîtrés dans leur commissariat sans vraiment mener des incursions à l'intérieur de La Casbah et mater ainsi ces bandes assurées d'impunité. » En plus des agressions à main armée signalées entre bandes rivales, on remarque la présence importante de dealers. « Des jeunes de tous les âges vendent de la drogue. Un crime s'est passé sur une placette où activaient la nuit ces petits dealers. Un jeune, complètement saoul, est venu, machette à la main, sur la place où se réunissaient les vendeurs et égorgea un consommateur habitué des lieux », racontent des riverains de ce site « connu de tous, et même de la police. » Nos tentatives de prendre attache hier avec les services de la Sûreté de la wilaya d'Alger se sont avérées vaines. L'intérimaire du chargé de la communication n'était pas joignable.