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On pourrait dire presque spontanément que le prix Nobel de la paix revient de droit au peuple algérien Nouar Bellil. L'un des initiateurs de la pétition pour appuyer la candidature du peuple algérien au prix Nobel 2020 de la paix
Ils sont Algériens résidents en Autriche. Ils se sont organisés en collectif afin de constituer le dossier de candidature du peuple algérien au prix Nobel 2020 de la paix. Nouar Bellil, l'un des initiateurs du projet, explique les étapes. – Comment a germé l'idée de proposer la candidature du peuple algérien pour un prix Nobel de la paix ? Sur quelle base pensez-vous qu'elle sera intéressante pour la fondation Nobel qui organise la compétition ? Les Algériennes et Algériens sont en train d'écrire un chapitre des plus saisissants de l'histoire de nos sociétés contemporaines depuis le 22 février 2019, même si certains la situent bien antérieurement cette date. L'Algérie dans toute sa diversité et toutes ses composantes culturelles et linguistiques connaît, sous les yeux du monde entier, un soulèvement populaire sans précédent dans l'histoire des civilisations. Le peuple vit un regain de dignité redonnant espoir – au-delà de toute nationalité – à tout citoyen du monde opprimé socialement, culturellement et politiquement. Il le fait avec beaucoup de créativité, de civisme, de respect, d'humour… le tout dans la joie et la bonne humeur et avec un pacifisme exemplaire ! On pourrait dire presque spontanément que le prix Nobel de la paix revient de droit au peuple algérien et qu'il y a juste lieu de faire une simple demande pour son obtention ! – Pouvez-vous nous expliquer les étapes à suivre afin de faire retenir une candidature ? La procédure n'est pas compliquée. Pour 2020, il faut, entre la mi-septembre 2019 et au plus tard fin janvier 2020, qu'une personne, bien distincte et bien définie par les statuts de la fondation Nobel, dépose une demande en ligne pour nomination. Elle peut être le président d'un Etat ou d'un gouvernement, un ministre ou un président d'une organisation internationale voire un président d'université (ou un recteur), un professeur d'université, un professeur émérite ou associé (histoire, sciences sociales, droit, philosophie, théologie et religions) ou également des personnes qui ont déjà obtenu le prix Nobel de la paix. Pour 2019, il y a 301 candidats pour le prix Nobel de la paix : 223 individus et 78 organisations. Il faut savoir également que ni les noms des candidats ni ceux des nominés pour le prix Nobel de la paix ne peuvent être divulgués avant 50 ans (voir le site web de l'organisation). Ce qu'il y a de plus à savoir, c'est qu'il y aurait, à notre avis, beaucoup de lobbying pour que des candidatures soient retenues. Ce n'est pas aisé de se faire une place ! C'est peut-être là tout le «nerf de la guerre», bien qu'on parle de paix ! – Dans ces conditions, pensez-vous que la candidature du peuple algérien est recevable ? Ce sera un peu plus compliqué, selon les statuts de la fondation Nobel. Car il n'y figure pas, parmi les prétendants potentiels à la nomination puis à l'obtention, la catégorie «peuple» ! Il n'y a que des personnes (trois au maximum et en même temps) ou des organisations qui peuvent y prétendre. Y aurait-il un cas d'exception du fait même de cette première dans l'histoire de l'humanité ? Ou serions-nous capable d'influer et de demander à ce qu'il y est une troisième catégorie en qualité de «peuple» ? Pourrions-nous trouver un rapprochement entre organisation et peuple en termes de définition qui va permettre de candidater ? Difficile de répondre de suite, mais c'est à suivre ! La pétition que nous avons pu lancer, bien qu'elle ait démarré timidement, prend forme et commence à intéresser du monde, surtout suite à une fusion avec une autre qui a été initiée depuis l'Algérie par un citoyen algérien sur la même plateforme (change.org). On ignore, à cette heure, si d'autres pétitions existent sur d'autres plateformes ou si d'autres vont voir le jour sous peu ! De mon point de vue, cette pétition a au moins le mérite d'exister pour attirer l'attention et susciter plus d'intérêt sur le plan international et notamment réussir à ce que des médias internationaux puissent se saisir de l'avènement de la révolution du sourire. – Comment êtes-vous organisé afin de faire aboutir ce projet ? Nous sommes des Algériens, femmes et hommes, jeunes et seniors, salariés ou chefs d'entreprise, voire retraités, qui ont répondu au cri du cœur et du pays. Même si on est loin, le cœur et l'esprit y sont et l'Algérie nous habite. On pense de manière incessante à notre pays car nous l'aimons tous profondément, je le crois ! C'est peut-être d'ailleurs plus vrai et plus dur quand on vit à l'étranger et quand on fait l'expérience du dépaysement. En tout cas, le pays nous manque et beaucoup sont prêts à la retrouver pour construire ensemble l'Algérie de demain. Nous sommes donc un collectif qui communique via les réseaux sociaux, échange et s'informe de la situation du pays de manière régulière et impliquée. Je tiens à préciser ici que je n'en suis pas le porte-parole. Notre collectif est à l'image de notre révolution du sourire : chacun vient avec ses compétences et chacun se représente soi-même… Mais on arrive à très bien travailler tous ensemble et à coordonner nos efforts. D'ailleurs, nous avons pu organiser des sit-in ici, à Vienne. On peut dire que c'était une belle réussite, même si la communauté algérienne n'est pas très nombreuse en Autriche, comparée à la France ou au Canada. Nous prévoyons évidemment de continuer nos actions militantes par d'autres démonstrations qui vont arriver notamment devant l'ONU, ou sous d'autres formes que nous allons trouver tout en restant créatifs. Et nous suivrons évidemment de près le dossier pour le prix Nobel de la paix. Il est important que les Algériens, en Algérie, sachent que d'autres Algériens, à l'étranger, sont très actifs. Notre solidarité est sans faille avec nos concitoyens. – Comment voyez-vous l'avenir de l'Algérie ? L'Algérie de demain sera forcément meilleure pour peu qu'on arrive à se débarrasser radicalement et définitivement de ce régime à l'agonie. Comme prémices, il y a lieu de réussir le processus de transition constituant une IIe république à laquelle aspire le peuple algérien dans son écrasante majorité : un Etat de droit avec des institutions solides, une république inclusive fondée sur la justice sociale, les droits et libertés individuelles et collectives. Pour l'avenir, j'aurais dit exactement ce que j'aurais voulu dire de vive voix à Hania Chabane, cette jeune femme arrêtée et dénudée par les services de police à Baraki, le 13 avril dernier. J'ai envie de lui exprimer toute mon admiration et lui transmettre mes respects dévoués les plus sincères avec ces quelques mots que j'espère lui feront du bien. Nous sommes de tout cœur avec toi. Nous sommes éblouis par ton courage et ta détermination. Tu es un exemple, une force jaillissante et une source d'inspiration pour nous tous et pour l'Algérie de demain. Hania, vas-y, prend la tête de la révolution avec la jeunesse, notre jeunesse qui ne sera jamais une jeunesse perdue. Cette jeunesse algérienne qui fait frissonner jusqu'à en verser des larmes quand on les entend chanter en chœur et parfaitement synchro dans nos stades de foot. Et à tous nos jeunes étudiants qui écrivent l'histoire de notre grand pays, je dis : nhebkoum yajedkoum ! Vive l'Algérie. – Nouar Bellil est né en 1976 à Tazmalt, dans la wilaya de Béjaïa. Il est diplômé de la Sorbonne en sciences de l'information et de la communication. Il dirige depuis 2011 une entreprise d'expertise à Vienne (Autriche) dans les domaines de la communication et des médias.