Dans ce domaine de l'esprit colonialiste revêche, la chasse au Bouchareb, du nom du cinéaste franco-algérien Rachid Bouchareb, est ouverte. Le premier coup de feu a été tiré par un député UMP (vice-président du Conseil régional des Alpes-Maritimes, plutôt proche de l'extrême-droite revancharde). Lyon (France). De notre correspondant Ce Lionnel Luca, spécialiste des coups fumeux, a dénoncé le contenu du long métrage Hors-la-loi présenté prochainement au Festival de Cannes, sans l'avoir vu, mais d'après des indiscrétions du genre investigations policières sur le scénario. On pensait la censure coloniale supprimée, mais non. Il juge que le film est une « falsification » de l'histoire dans son évocation du massacre de Sétif. S'il a apprécié le précédent Indigènes parce qu'il était « dans un esprit positif de réhabilitation, celui-ci est dans un esprit négatif et négationniste ». Le bon indigène, chair à canon, passe encore, mais rien ne va plus pour le nationaliste exigeant la dignité. On passera les détails de son argumentation qui nous ferait remonter aux années de guerre, mais tout à sa volonté de conserver la vindicte coloniale, alors que 50 ans bientôt seront passés depuis l'Indépendance, le député voudrait écrire l'histoire comme il l'entend, refusant que Bouchareb considère les « porteurs de valises » comme des « héros ». A rebours de l'histoire, l'élu de la République les place du côté des « traîtres ». Tout cela est bien navrant. Le même Luca fait partie des élus qui ont dénoncé cette semaine une photo d'un homme se torchant avec le drapeau français. Une photo primée par l'enseigne culturelle Fnac. Dans son commentaire, toujours injurieux envers l'Algérie, il ose s'écrier sur le site Le Post : « C'est devenu de bon ton de s'en prendre aux symboles français, c'est même devenu politiquement correct ! La prochaine fois que son auteur fasse la même photo avec un drapeau algérien... Pour moi, l'auteur de cette photo est un pauvre type, il a juste fait de la provocation gratuite, c'est tout ! » Dans ces méandres nauséabondes, le ministre de l'Immigration et de l'Intégration, Eric Besson, est quant à lui le lauréat choisi par le collectif Sortir du colonialisme du prix du Colonialiste de l'année. La remise publique au ministre du « casque colonial », évidemment fictive, aura lieu le 27 avril à 11h devant le ministère de l'Immigration, rue de Grenelle, à Paris. Le collectif a estimé, en effet, que la « création d'un ministère chargé de l'immigration et de l'identité nationale est une honte pour la France… » Après le débat sur l'identité nationale, « désormais, il ne se passe pas une semaine sans qu'un élu de la République, un ministre, un responsable politique prononce des paroles de rejet et d'exclusion. Minarets, port du voile intégral, drapeaux dans les stades ; le débat est transformé en machine à exclure et à stigmatiser ». Enfin, « la politique d'immigration choisie se traduit par un pillage des cerveaux, qui s'ajoute à l'exploitation des ressources naturelles des pays d'immigration ».