Film à polémique tout comme l'a été "La bataille d'Alger", " Hors la loi " de Rachid Bouchareb n'a pas attendu sa sortie mondiale prévue pour septembre pour être projeté en Algérie. Les autorités de la Culture ont profité de la circonstance du 48e anniversaire de la fête de l'Indépendance afin de montrer, jeudi dernier, à la salle El Mouggar cette saga qui fait référence aux affres de la colonisation française entre 1925 et 1962. Projeté une première fois au même endroit et en même temps que sa projection à Cannes en mai dernier, " Hors la loi " a été vu à titre symbolique en présence de ses stars dont Jamel Debbouze, Roschdy Zem, Chafia Boudraâ, Ahmed Benaïssa, Bernard Blancan et bien sûr Rachid Bouchareb. Selon ce réalisateur, si " mon film n'a décroché aucun prix à la 63e édition du Festival de Cannes, ça n'a rien à voir avec la controverse qui a été suscitée autour de cette fiction. " dira t-il pour couper court à une autre polémique sur la non attribution de trophée cannois à ce film. "En France, il y a encore un peu de réticence aux sujets qui traitent du passé colonial de la France. Pour moi, ça provient d'une minorité de gens qui sont nostalgiques de ce passé" soutient encore l'auteur de "Indigènes " dans un point de presse. La ministre de la Culture, Khalida Toumi qui a défendu bec et ongles ce film avant et après sa sortie, a pour sa part réaffirmé que "le réalisateur a donné avec ce film un aperçu de ce qu'a vécu le peuple algérien de 1925 jusqu'à 1962" ajoutant qu'il "y a des mouvements en France qui n'arrivent toujours pas à accepter le passé colonial de ce pays. Mais ces mouvements n'ont pas d'avenir, on ne peut cacher la vérité. L'histoire ne peut être enterrée indéfiniment." Tout en espérant qu'il y aurait d'autres films de ce genre, Khalida Toumi rappelle que son département avait financé ce film franco-belgo-tuniso-algérien à hauteur de 25%. "J'ai rencontré des anciens membres de la Fédération de France du FLN qui m'ont apporté des témoignages poignants sur l'époque de la colonisation française. J'ai également vu beaucoup de documentaires et d'images sur la Guerre d'Algérie. Donc, je me suis dit, voilà, le moment est venu pour faire un film là-dessus. L'histoire d'Algérie m'intéresse beaucoup" a encore noté Rachid Bouchareb. S'agissant de la polémique l'auteur de "Cheb " a fait observer que celle-ci "a beaucoup contribué à la promotion à l'échelle mondiale et puis ces gens ont le droit de s'exprimer". La star très drôle Jamel Debbouze a conclu par une pointe: "On n'est pas là pour juger l'Histoire, mais pour la raconter... je suis chez moi partout et nulle part." Intertitre : La polémique avant les images Avant même qu'il ne soit projeté ni à Cannes ni ailleurs, "Hors la loi " avait connu plus de trois longues semaines de fustigation, Rachid Bouchareb était en Wait and see. Depuis la sélection à la 63 ème édition du festival de Cannes de ce film, l'oeuvre n'a pas cessé de susciter une vive polémique qu'un député UMP des Alpes-Maritimes, Lionnel Luca, l'un des instigateurs de la campagne contre le dernier né de Bouchareb, l'a accusé bien sûr sans l'avoir vu, de falsifier l'histoire. Cependant, on a entendu des voix, notamment celles des intellectuels vivant en France qui l'avaient fermement défendu dans un communiqué publié au Monde, mais le concerné n'a réagi qu'au lendemain de l'ouverture officielle de Cannes, avec le film américain, Robin des Bois. C'est depuis Los Angeles où il se trouvait, que le réalisateur franco-algérien Rachid Bouchareb, a réagi en appelant au calme et en souhaitant que les désaccords suscités par son film s'expriment "dans la sérénité". Une réaction qui a été d'ailleurs reprise par la presse mondiale. "Depuis trois semaines, une polémique précède la présentation à Cannes de mon film ''Hors La Loi'', alors que ceux qui participent à cette polémique n'ont pas vu le film". Le réalisateur de "Indigènes " (film primé à Cannes en 2006), rappelle que "Hors la loi" est un film de fiction, une saga qui raconte l'histoire de trois frères algériens et de leur mère sur une période de plus de trente-cinq ans, du milieu des années trente à l'indépendance de l'Algérie en 1962". Il précisait qu'il " faut qu'il soit possible que le cinéma aborde tous les sujets". Le réalisateur dont le long métrage était projeté en compétition officielle aux côtés de 19 autres films, sortira en salle le 22 septembre prochain. Rachid Bouchareb expliquait qu'il n'a pas fait un film d'histoire mais qu'en tant que cinéaste "Je le fais avec ma sensibilité, sans obliger quiconque à la partager. Après les projections, il sera temps que le débat public se déroule". Il rappelle qu'il reste attaché à la liberté d'expression, et qu'à ses yeux, il paraît normal que certains puissent être en désaccord avec son film. Pour autant, il souhaite que ce désaccord s'exprime dans un cadre pacifique et dans la sérénité du débat d'idées. "Pour le monde entier, la France est une terre de liberté et je suis particulièrement fier d'y montrer mon film, dans le plus prestigieux des festivals. Je souhaite que cette projection se fasse dans le respect mutuel et dans un climat serein", avait -il déclaré.