Les artisans affirment que le transfert de leur secteur du ministère du Tourisme au département de la Petite et moyenne entreprise a transformé ce créneau en un segment purement commercial. Au troisième jour du Salon national de l'artisanat, ouvert depuis jeudi à la salle omnisport Saïd Tazrout de Tizi Ouzou, l'affluence des visiteurs était appréciable. Cette deuxième édition qu'organise chaque année l'Assemblée populaire de la wilaya de Tizi Ouzou a enregistré une amélioration en terme du nombre de participants. La manifestation a regroupé plus de 200 artisans dont 60% sont venus de différentes régions du pays. Toutefois, qu'en est-il de la promotion et la commercialisation des produits artisanaux sur ce genre de comptoir ? En dehors des objectifs classiques que l'on assigne à ces rendez-vous, notamment, la sauvegarde du patrimoine, la vente des articles proposés garantit la pérennité et la survie de l'entreprise et de l'activité artisanale. D'aucuns affirment que la séparation des métiers de l'artisanat du ministère du Tourisme et son rattachement au département de la Petite et moyenne entreprise a transformé ce créneau en un segment purement commercial. Atika, artisane de Béchar, résume sa réponse : « Franchement, sur le plan matériel, on ne gagne pas grand-chose, mais ce qui nous intéresse surtout, c'est de nouer des contacts et échanger nos expériences. Et au-dessus de tout, continuer d'exister et exercer un art qui permet surtout la sauvegarde des métiers traditionnels et du patrimoine. » Elle déplore en outre : « Le rattachement des métiers de l'artisanat au ministère des Petites et moyennes entreprises a fait de nous des commerçants à part entière. Nous n'avons plus de prise en charge comme c'était le cas, du temps où nous dépendions du département du tourisme, un secteur en relation avec les métiers de l'artisanat. » Pour Salah, un bijoutier de Aïn El Hammam, fera remarquer : « Avec le ministère du Tourisme, il y avait nettement plus d'avantages en la matière. » Jugurtha, un bijoutier d'Irdjen, regrette « en plus de la difficulté à commercialiser nos produits, nous faisons face à la rareté et la cherté de la matière première. L'argent coûte actuellement 65 000 DA le kg à l'Agenor et 78 000 DA au marché noir. Nous sommes constamment à la recherche d'autres circuits pour vendre, puisque parfois, les salons ne sont pas organisés dans les périodes propices ». Sur le même sujet, même propos, Wahab, un exposant de Ouargla pense qu'une bonne commercialisation est proportionnelle à la période et à la région dans laquelle l'on participe. « Notre travail ne peut, en aucun cas, couvrir nos besoins pour promouvoir nos activités d'autant que les revenus des ventes, pour certaines activités, ne subviennent même pas à nos besoins vitaux », assène-t-il. Les artisans, ces artistes à qui revient le mérite de sauvegarder le patrimoine national à travers ces rencontres de métiers traditionnels, ne sont, de ce fait, pas encore sortis de la précarité. « Les salons d'expositions, nos maisons et pour les plus chanceux les ateliers sont les seuls espaces où l'on peut présenter et écouler nos produit. Notre participation aux salons dépend de nos propres moyens. L'Etat devrait manifester un plus grand soutien », confie une artisane.