Le délai de dépôt de la déclaration de candidature à la présidence de la République auprès du Conseil constitutionne en prévision de l'élection du 4 juillet prochain prend fin demain à minuit. Conformément à l'article 140 de la loi organique portant régime électoral. A ce jour, un total de 77 lettres d'intention, dont trois de chefs de partis politiques – l'Alliance nationale républicaine (ANR), le Front El Moustakbel (FM) et le Front algérien pour le développement, liberté et équité (FADLE) – ont été déposées par les postulants à la candidature à l'élection présidentielle du 4 juillet prochain. C'est ce qu'a indiqué le dernier bilan établi par le ministère de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire. «Le dépôt des candidatures ne changera rien à notre position. On refuse la tenue de cette élection le 4 juillet», soutient Yasmine, une étudiante de 25 ans. Pourtant, certains s'obstinent et veulent aller vers une élection, quand bien même celle-ci est rejetée massivement. Pour l'heure, le ministère de l'Intérieur précise que «les concernés ont pu bénéficier des quotas de formulaires de souscription, en application des dispositions légales en vigueur». La même source relève que «l'opération se déroule dans de bonnes conditions». Il était prévu que les directions de l'Alliance nationale républicaine que dirige Belkacem Sahli, et du Front El Moustakbel que préside Abdelaziz Belaïd, se réunissent hier pour trancher quant à leur participation à l'élection présidentielle. A l'heure où nous mettons sous presse, aucun des deux partis ne s'est prononcé sur la question. Entêtement Les aspirations du peuple semblent donc reléguées au second plan. Selon Mahrez Bouich, enseignant chercheur en philosophie politique à l'université Abderrahmane Mira de Béjaïa, ceux qui maintiennent l'offre de l'élection présidentielle du 4 juillet sont dans une contre-révolution : «Ils sont dans une logique de fuite en avant. Ils cherchent à défier le peuple et mépriser sa volonté.» Pour le chercheur, ces derniers ont contourné les souhaits, espérances et des revendications légitimes que porte le peuple depuis le 16 février. Pour sa part, Meziane Meriane, coordinateur national du Snapest, estime que seule une transition pourrait mettre fin à la crise actuelle. Aujourd'hui, il y a un fossé entre les aspirations du peuple et l'entêtement du pouvoir central qui tient en la tenue de l'élection dans les plus brefs délais. Selon Meziane Meriane, dans l'idéal, un trio désigné lors d'une conférence menera la transition et se chargera d'organiser l'élection. Mais rien n'est encore gagné… D'après l'analyse de Mahrez Bouich, il est tout à fait clair que ceux qui défendent aujourd'hui l'organisation de l'élection présidentielle du 4 juillet, en favorisant la soi-disant voie constitutionnelle, ont tout faux et ce, pour diverses raisons. La première est le refus catégorique du peuple au scrutin du18 avril, reporté sous la pression de la rue par l'ex-président démissionnaire, mais également l'élection présidentielle prévue le 4 juillet. La seconde, selon le chercheur, est le «dégagisme» souhaité et revendiqué par le peuple qui rejette le système,ses symboles, ses représentants et toutes les solutions qui émanent de lui, y compris l'élection. La troisième : les conditions politiques, organisationnelles, institutionnelles et autres qui caractérisent le pays depuis l'enclenchement de la révolution pacifique en marche ne sont pas favorables pour la tenue des élections. Finalement, «l'entêtement des nouveaux décideurs de maintenir la dite élection ouvre les portes à tous les dérapages et dangers», prévient Mahrez Bouich. D'ailleurs, la réponse des étudiants au discours tenu lundi par Ahmed Gaïd Salah à Ouargla ne s'est fait attendre. Le slogan principal de la marche de mardi dernier était «Makanch intikhabat ya l3isabat» autrement dit «pas d'élection avec le gang». Tous les signaux laissent penser que la marche d'aujourd'hui sera encore plus spectaculaire que la précédente.