Les autorités locales ont décidé de saisir le taureau par les cornes et d'évacuer les jeunes commerçants qui occupent les souterrains du centre-ville. Personne n'avait osé jusque-là toucher à ce problème, et pourtant il faut être aveugle pour ne pas réaliser la taille du risque. Les élus du FLN en avaient fait une priorité dans leur programme d'action, mais depuis ils se sont initiés à « la sagesse politique de l'inaction ». De son côté, l'administration n'a cessé d'ajourner ce dossier, jugé épineux et source de gros problèmes. Il est vrai que la création de stands commerciaux dans ces espaces sans aucune mesure préventive, ni étude préalable du risque a fini par devenir un casse-tête. Une bombe à retardement laissée par la précédente APC en guise de souvenir du savoir-faire du RND. Pour éviter d'être accusé d'alarmisme médiatique, rappelons que la Protection civile de Constantine a tiré à plusieurs reprises la sonnette d'alarme, et attiré l'attention des responsables sur les dangers de mort et la catastrophe certaine qui peut survenir à tout moment notamment à cause des câbles électriques qui pendent du plafond et l'affluence importante des Constantinois. Partie avec quelque 200 commerçants, l'occupation des lieux s'est bien élargie grâce aux indus qui sont venus se greffer et profiter de la tolérance des représentants de l'Etat. Le programme d'évacuation initié par la wilaya tente de mettre fin à cette situation sans soulever la révolte des jeunes commerçants. Mission délicate, certes, mais possible, selon Mme Bellil, vice-présidente, chargée du patrimoine au niveau de l'APC. Il est donc question d'une évacuation graduelle qui préservera les intérêts des jeunes concernés, mais uniquement ceux qui sont en règle. 14 parmi eux ont déjà été évacués pour non-paiement de leurs engagements envers la commune, alors qu'une trentaine a été transférée au marché Boumezzou dans les locaux occupés auparavant par la Cofel. Les autres commerçants recensés, bénéficieront probablement de stands dans les marchés parisiens qui seront créés prochainement à travers les quartiers. En revanche, la commune n'envisage pas la prolongation de la location « pour ceux résidant en dehors de Constantine et qui payent leurs impôts ailleurs », précise notre interlocutrice qui ajoute que ces commerçants ne sont pas liés par contrat à la commune, mais possèdent uniquement des permis de stationnement révocables. Pour changer la situation hideuse et problématique du centre-ville de Constantine, il faudrait que nos responsables fassent preuve de beaucoup de courage et d'ingéniosité dans leurs initiatives. Cette mauvaise idée de souterrain pourrait peut-être mieux servir comme trémie pour désengorger la circulation ou tout autre chose sauf pour le commerce.